Un général vraiment grand n'aime pas la guerre
Auteur : Confucius, aux vie-ve siècles av. J.-C.
Explication
Le philosophe chinois Kong-Fou-Tséou est plus connu en Occident sous son nom latin Confucius (vers 551-479 av. J.-C.). Près d’un siècle avant Socrate, il a laissé des Entretiens, qui furent compilés par ses disciples après sa mort. Comme le maître athénien, il n’a pas légué une seule ligne de sa main.
La philosophie confucéenne dresse le modèle d’un homme modéré et équilibré, bienveillant pour ses congénères, en un mot, humaniste. D’origine noble mais vivant modestement, Confucius obéit au pouvoir établi ; mais il peut être incisif à l’occasion, et n’hésite pas à dire son fait à l’impudent.
«Un général vraiment grand n’aime pas la guerre», estime-t-il dans l’un de ses entretiens. Il n’accorderait, selon ses propres mots, aucune confiance à un militaire prêt à combattre un tigre à mains nues ou à traverser le Fleuve jaune à la nage. À son époque, la Chine était déchirée par les guerres incessantes que se livraient des royaumes rivaux ; c’était une féodalité débridée qu’aucun empereur n’avait encore pu contrôler. Celui qu’on appelait Maître Kong précisa sa pensée sur la guerre dans un autre entretien : « L’homme de bien situe la justice au-dessus de tout. Un homme qui a la bravoure mais qui ignore la justice sera un rebelle. » Et si en plus, il est médiocre, conclut Confucius, alors il ne sera qu’un brigand.
À la fin du ni8 siècle av. J.-C., la dynastie Han s’imposa à la tête de l’empire chinois. Ces empereurs qui aimaient la guerre reconnurent à Confucius le titre de « roi sans royaume » et lui accordèrent un culte officiel quasi-religieux.