Pas un jour sans une ligne
Auteur : Apelle , au IVesiècle av. J.-C.
Explication
Dans la seconde moitié du ive siècle av. J.-C., le peintre grec Apelle de Cos était réputé pour la finesse de ses lignes. Il fit le portrait, entre autres rois, de Philippe de Macédoine puis de son fils et successeur Alexandre le Grand. Celui-ci l’admirait sans borne ; il se répandait dans son atelier en paroles oiseuses sur l’art et sur le talent. Pas courtisan pour un sou, le peintre lui demanda gentiment de se taire, car il faisait ricaner les apprentis qui broyaient les couleurs. Alexandre obtempéra.
Quatre siècles plus tard, en l’an 77, Pline l’Ancien résume la vie du maître dans la partie de L’Histoire naturelle consacrée à la peinture :
«Apelle avait une habitude à laquelle il ne manquait jamais : c’était, quelque occupé qu’il fût, de ne pas laisser passer un seul jour sans s’exercer en traçant quelque trait; cette habitude a donné lieu à un proverbe », à savoir « pas un jour sans une ligne ».
L’écrivain latin fit sien le précepte du peintre grec, appliqué à la littérature. Pline l’Ancien composa en effet dans sa vie plus de cinq cents ouvrages sur tous les sujets ! Sans parler de ses 160 recueils de notes, écrites recto verso, d’une écriture fine et serrée… Pendant ses repas, il se faisait faire la lecture par un esclave et prenait des notes. Un jour, un ami invité à sa table demanda au lecteur de reprendre un passage où sa langue avait fourché. Grande fut la fureur de Pline contre le convive :
« Vous aviez compris, alors pourquoi recommencer? C’est plus de dix lignes que votre interruption nous a fait perdre ! »