L'amour triomphe de tout: l'amour triomphe de tout
Auteur : Virgile , en 37 av. J.-C.
Explication
Virgile (70 av. J.-C. – 19 av. J.-C.) fut, avant même Horace et Tite-Live, le grand écrivain du « siècle d’Auguste ». Il chanta les louanges du maître de Rome, depuis l’époque où l’on appelait encore le jeune homme « Octave » jusqu’à celle où il devint le premier empereur, sous le nom d’« Auguste ».
En latin, amor («amour») est l’anagramme inversée de Roma. C’est donc un palindrome formel, aurait aussitôt précisé Georges Perec, qui en a joué avec brio. En 37 av. J.-C., tout lecteur des Bucoliques pouvait très facilement comprendre ce vers dans un sens clairement politique : « L’Amour – Rome, c’est-à-dire Octave, maître de la ville – triomphe de tout. Nous aussi, cédons à l’Amour ! » Car la même année, l’Empire fut partagé entre les deux héritiers de César : à Octave, Rome et l’Occident ; à Marc Antoine, Alexandrie et l’Orient.
Mais Virgile est un grand écrivain, et il a glissé un second sens caché dans la formule. Amour était aussi une divinité furieuse qui pouvait faire perdre la raison et parfois la vie. Le vers prend alors un sens pessimiste : la déraison triomphe de tout… Cédons à la déraison.
Plus tard, dans les Céorgiques (28 av. J.-C.), Virgile écrivit au sujet des sociétés humaines qu’un «travail acharné a triomphé de tout». Cela était beaucoup plus conforme à la propagande d’Auguste, désormais seul aux commandes dans tout l’Empire. Car après un demi-siècle de guerres civiles, il fallait sans plus tarder ramener la paix et la prospérité dans les consciences.