Le temps revient
Auteur : LAURENT DE MEDICIS , en 1469-1492
Explication
En 1469, Laurent de Médicis, alors qu’il n’a que 20 ans, succède à son père comme prince de Florence. Il demande au plus célèbre artiste de la ville, Andrea del Verrocchio, de peindre son étendard de joute, avec cette devise : « Le temps revient. »
Au siècle d’Auguste, Virgile écrit dans Les Bucoliques: «Voici venu le dernier âge de la prédiction sibylline. Voici que recommence le grand ordre des siècles. » Puis le poète latin célèbre « cet enfant dont la naissance va clore l’âge de fer et ramener l’âge d’or dans le monde entier ». La Toscane, c’est la terre ancestrale des Étrusques qui ont transmis leur civilisation aux Romains. Pour eux, le temps était cyclique, segmenté en dix âges ou siècles différents. Au cœur du Quattrocento, le prince Médicis a le sentiment d’être le héraut d’un nouvel âge d’or.
Sous l’impulsion du Magnifique, la cité bouillonne de créativité. Les jeunes talents s’y précipitent, de Léonard de Vinci à Michel-Ange. On copie et on réinvente librement les modèles de l’Antiquité gréco-romaine. À l’exemple de Platon, le prince fonde une Académie. Mais avec la maturité, ses poèmes se font pessimistes: «Belle jeunesse jamais ne revient. Le temps perdu jamais ne recommence… »
À sa mort, en 1492, le Génois Christophe Colomb pose un pied sur le Nouveau Monde. Cet Eden recevra le nom d’Amérique, en souvenir du Florentin Amerigo Vespucci. Le marchand voyageur avait fréquenté la Maison de Laurent. Pourtant, l’âge d’or se déplace peu à peu vers la France et l’Espagne. Au xixe siècle, on appellera cette période «la Renaissance ».