La France ! Ton café fout le camp
Auteur : La comtesse du Barry , en 1773
Explication
Cet appel, parfois cité hors contexte, n’est pas le cri d’un patriote alarmé par l’abandon des colonies françaises et de ses riches plantations. Il s’agit en fait d’une banale remarque de la vie quotidienne. Jeanne Bécu, fille naturelle d’une couturière, utilisa ses charmes pour accéder, d’amants en amants, aux bras de Louis XV, de 33 ans son aîné. Succédant à la marquise de Pompadour, la nouvelle « comtesse du Barry » se vit reprocher par les courtisans ses origines populaires.
Malgré une éducation chez les bonnes soeurs, ces jaloux lui prêtèrent de nombreux mots vulgaires, souvent invérifiables. L’écrivain Pidansat de Mairobert publia en 1775 (anonymement) une compilation d’anecdotes. Le succès de cet ouvrage ordurier et entièrement à charge fut considérable. Par exemple, en voyant le café déborder sur la plaque, la comtesse du Barry aurait ainsi averti son royal amant : « Eh ! La France, prends donc garde ! Ton café fout le camp ! » Scandale à la cour ! Quelle familiarité sacrilège entre une fille sortie du caniveau et le descendant de Saint Louis… Précision utile : au xvme siècle, le verbe foutre a encore toute sa puissance d’évocation sexuelle. Afin d’authentifier son propos, Mairobert précisa qu’il s’était appuyé sur un manuscrit rédigé «avec soin » par des courtisans.
En réalité, l’un des valets de la comtesse s’appelait La France ! La comtesse se serait donc adressée à lui, et non pas au roi… C’est ce que découvrit par hasard, à la fin du xix’ siècle, un historien qui dépouillait les archives du château de Versailles. Le mot est donc peut-être authentique. L’interprétation fielleuse colportée l’est sans doute moins. Mais en 2006 encore, Sofia Coppola s’est conformée à la légende, en présentant dans son film Marie-Antoinette une Du Barry ordurière et roteuse.
Vidéo : La France ! Ton café fout le camp
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