Le bonheur est dans le pré
Explication
Le « prince des poètes » Paul Fort (1872-1960) a célébré la nature et les plaisirs simples de la vie sous forme de ballades populaires et fantaisistes (« Si tous les gars du monde voulaient se donner la main… ») . Mais en 1917, pendant la Première Guerre mondiale, il publie plusieurs recueils aux accents noirs.
Dans L’Alouette, le poème intitulé «Le bonheur» commence par ces vers : « Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite (…). Si tu veux le rattraper, cours-y vite, il va filer. » Mais il se termine tristement : « Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé ! »
En fait, le bonheur a filé sur le pré pour toute une génération. Cette image ironique évoque les poilus sautant par-dessus la tranchée, sous la rafale ennemie. « Nos beaux jours fauchés, d’une éternité de tranchées, dans les enfers », écrit encore Paul Fort dans Notre-Dame-de-Sous-Terre, publié la même année. Et dans « Le départ du conscrit » : « La rouge aurore en ta chambrette – jeune soldat, courage – a mis du sang dans ta cuvette ; on entend chanter l’alouette sur les bleus paysages. »
« Le bonheur est dans le pré » n’était pas encore, en 1917, une mièvrerie bucolique.
Vidéo : Le bonheur est dans le pré
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