Joseph Staline
Introduction:
En 1941, c’est une Armée rouge affaiblie qui reçoit le choc des divisions blindées allemandes. Affaiblie par des purges successives dues, parfois, à l’intoxication des services secrets allemands, mais aussi et surtout à la méfiance de Staline envers tout ce qui pourrait constituer un contre-pouvoir ou contribuer à le renverser.
Après l’élimination de nombre de ses chefs, et même si certains sont rappelés en 1939, à la fin de la Grande Terreur, l’Armée rouge n’est pas en mesure de contrer efficacement l’offensive allemande. Elle doit se contenter de reculer en pratiquant la politique de la terre brûlée, afin que l’ennemi ne puisse vivre sur le pays. De fait, l’étirement des voies logistiques devient rapidement un problème pour l’armée allemande, et ce d’autant plus que la politique menée envers les populations des territoires occupés, politique de vassalisation, voire d’extermination, les dresse contre elle dans une sanglante guerre de partisans.
Dans ce discours, Staline fait appel non seulement aux communistes, mais bien à l’ensemble du peuple russe, retrouvant pour sauver l’Union soviétique les accents du nationalisme le plus classique. Ce n’est pas sans rappeler le film d’Eisenstein, Alexandre Nevski (1938), qui fait des Allemands du XX siècle les descendants de ces chevaliers teutoniques battus au XIII siècle lors de la bataille du lac Peïpous.
Discours de Joseph Staline:
UN COMBAT A MORT AVEC LE FASCISME ALLEMAND:
Camarades ! Citoyens ! Frères et Sœurs ! Combattants de notre armée et de notre flotte ! Je m’adresse à vous, mes amis !
La perfide agression militaire de l’Allemagne hitlérienne, commencée le 22 juin, se poursuit contre notre patrie. Malgré la résistance héroïque de l’Armée rouge, et bien que les meilleures divisions de l’ennemi et les unités les meilleures de son aviation aient déjà été défaites et aient trouvé la mort sur les champs de bataille, l’ennemi continue à se ruer en avant, jetant sur le front des forces nouvelles.
Les troupes hitlériennes ont pu s’emparer de la Lituanie, d’une grande partie de la Lettonie, de la partie ouest de la Biélorussie, d’une partie de l’Ukraine occidentale. L’aviation fasciste étend l’action de ses bombardiers, en soumettant au bombardement Mourmansk, Orcha, Moguilev, Smolensk, Kiev, Odessa, Sébastopol.
Un grave danger pèse sur notre patrie.
Comment a-t-il pu se faire que notre glorieuse Armée rouge ait abandonné aux troupes fascistes une série de nos villes et régions ? Les troupes fascistes allemandes sont-elles vraiment invincibles comme le proclament sans cesse à cor et à cri les propagandistes fascistes fanfarons ? Non, bien sûr.
L’histoire montre qu’il n’a jamais existé et qu’il n’existe pas d’armées invincibles. On estimait que l’armée de Napoléon était invincible. Mais elle a été battue successivement par les troupes russes, anglaises, allemandes.
L’armée allemande de Guillaume, au cours de la première guerre impérialiste, était également considérée comme une armée invincible ; mais elle s’est vue infliger maintes défaites par les troupes russes et anglo-françaises, et elle a été finalement battue par les troupes anglo- françaises.
Il faut en dire autant de l’actuelle armée allemande fasciste de Hitler. Elle n’avait pas encore rencontré de sérieuse résistance sur le continent européen. C’est seulement sur notre territoire qu’elle a rencontré une résistance sérieuse.
Et si à la suite de cette résistance les meilleures divisions de l’armée fasciste allemande ont été battues par notre Armée rouge, c’est que l’armée fasciste hitlérienne peut également être battue et le sera comme le furent les armées de Napoléon et de Guillaume.
Qu’une partie de notre territoire se soit néanmoins trouvée envahie par les troupes fascistes allemandes, cela s’explique surtout par le fait que la guerre de l’Allemagne fasciste contre l’URSS a été déclenchée dans des conditions avantageuses pour les troupes allemandes et désavantageuses pour les troupes soviétiques. En effet, les troupes de l’Allemagne, comme pays menant la guerre, avaient été entièrement mobilisées. Cent soixante-dix divisions lancées par l’Allemagne contre l’URSS et amenées aux frontières de ce pays se tenaient entièrement prêtes, n’attendant que le signal pour se mettre en marche. Tandis que, pour les troupes soviétiques, il fallait encore les mobiliser et les amener aux frontières.
Chose très importante encore, c’est que l’Allemagne fasciste a violé perfidement et inopinément le pacte de non-agression conclu, en 1939, entre elle et l’URSS sans vouloir tenir compte du fait quelle serait regardée par le monde entier comme l’agresseur. On conçoit que notre pays pacifique, qui ne voulait pas assumer l’initiative de la violation du pacte, ne pouvait s’engager sur ce chemin de la félonie.
On peut nous demander : comment a-t-il pu se faire que le gouvernement soviétique ait accepté de conclure un pacte de non-agression avec des félons de cette espèce et des monstres tels que Hitler et Ribbentrop ? Le gouvernement soviétique n’a-t-il pas en l’occurrence commis une erreur ? Non, bien sûr.
Le pacte de non-agression est un pacte de paix entre deux Etats. Et c’est un pacte de ce genre que l’Allemagne nous avait proposé en 1939. Le gouvernement soviétique pouvait-il repousser cette proposition ? Je pense qu’aucun État pacifique ne peut refuser un accord de paix avec une puissance voisine, même si à la tête de cette dernière se trouvent des monstres et des cannibales comme Hider et Ribbentrop.
Cela, bien entendu, à une condition expresse : que l’accord de paix ne porte atteinte, ni directement ni indirectement, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance et à l’honneur de l’État pacifique. On sait que le pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS était justement un pacte de ce genre.
Qu’avons-nous gagné en concluant avec l’Allemagne un pacte de non-agression ? Nous avons assuré à notre pays la paix pendant un an et demi et la possibilité de préparer nos forces à la riposte au cas où l’Allemagne fasciste se serait hasardée à attaquer notre pays en dépit du pacte. C’est là un gain certain pour nous et une perte pour l’Allemagne fasciste.
Qu’est-ce que l’Allemagne fasciste a gagné et qu’est-ce qu’elle a perdu, en rompant perfidement le pacte et en attaquant l’URSS ? Elle a obtenu ainsi un certain avantage pour ses troupes pendant un court laps de temps, mais elle a perdu au point de vue politique, en se démasquant aux yeux du monde comme un agresseur sanglant.
Il est hors de doute que cet avantage militaire de courte durée n’est pour l’Allemagne qu’un épisode, tandis que l’immense avantage politique de l’URSS est un facteur sérieux et durable, appelé à favoriser les succès militaires décisifs de l’Armée rouge dans la guerre contre
l’Allemagne fasciste.
Voilà pourquoi toute notre vaillante armée, toute notre vaillante flotte navale, tous nos aviateurs intrépides, tous les peuples de notre pays, tous les meilleurs hommes d’Europe, d’Amérique et d’Asie, enfin tous les meilleurs hommes de l’Allemagne flétrissent l’action perfide des fascistes allemands et sympathisent avec le gouvernement soviétique, approuvent la conduite du gouvernement soviétique et se rendent compte que notre cause est juste, que l’ennemi sera écrasé, et que nous vaincrons.
La guerre nous ayant été imposée, notre pays est entré dans un combat à mort avec son pire et perfide ennemi, le fascisme allemand. Nos troupes se battent héroïquement contre un ennemi abondamment pourvu de chars et d’aviation. L’Armée et la Flotte rouges, surmontant de nombreuses difficultés, se battent avec abnégation pour chaque pouce de terre soviétique. Les forces principales de l’Armée rouge, pourvues de milliers de chars et d’avions, entrent en action. La vaillance des guerriers de l’Armée rouge est sans exemple. La riposte que nous infligeons à l’ennemi s’accentue et se développe. Aux côtés de l’Armée rouge, le peuple soviétique tout entier
se dresse pour la défense de la patrie.
Que faut-il pour supprimer le danger qui pèse sur notre patrie et quelles mesures faut-il prendre pour écraser l’ennemi ?
Il faut tout d’abord que nos hommes, les hommes soviétiques, comprennent toute la gravité du danger qui menace notre pays et renoncent à la quiétude et à l’insouciance, à l’état d’esprit qui est celui du temps de la construction pacifique, état d’esprit parfaitement compréhensible avant la guerre, mais funeste aujourd’hui que la guerre a radicalement changé la situation.
L’ennemi est cruel, inexorable. Il s’assigne pour but de s’emparer de nos terres arrosées de notre sueur, de s’emparer de notre blé et de notre pétrole, fruits de notre labeur. Il s’assigne pour but de rétablir le pouvoir des grands propriétaires fonciers, de restaurer le tsarisme, d’anéantir la culture et l’indépendance nationales des Russes, Ukrainiens, Biélorussiens, Lituaniens, Lettons, Estoniens, Ouzbeks, Tatars, Moldaves, Géorgiens, Arméniens, Azerbaïdjanais et autres peuples libres de l’Union soviétique ; de les germaniser, d’en faire les esclaves des princes et des barons allemands.
Il s’agit ainsi de la vie ou de la mort de l’État soviétique, de la vie ou de la mort des peuples de l’URSS ; il s’agit de la liberté ou de la servitude des peuples de l’Union soviétique.
Il faut que les hommes soviétiques le comprennent et cessent d’être insouciants ; qu’ils se mobilisent et réorganisent tout leur travail selon un mode nouveau, le mode militaire, qui ne ferait pas de quartier à l’ennemi. Il faut aussi qu’il n’y ait point de place dans nos rangs pour les pleurnicheurs et les poltrons, les semeurs de panique et les déserteurs ; que nos hommes soient exempts de peur dans la lutte et marchent avec abnégation dans notre guerre libératrice pour le salut de la patrie, contre les asservisseurs fascistes.
Le grand Lénine, qui a créé notre État, a dit que la qualité essentielle des hommes soviétiques doit être le courage, la vaillance, l’intrépidité dans la lutte, la volonté de se battre aux côtés du peuple contre les ennemis de notre patrie. Il faut que cette excellente qualité bolchévique devienne celle des millions et des millions d’hommes de l’Armée rouge, de notre Flotte rouge et de tous les peuples de l’Union soviétique. Il faut immédiate¬ment réorganiser tout notre travail sur le pied de guerre, en subordonnant toutes choses aux intérêts du front et à l’organisation de l’écrasement de l’ennemi.
Les peuples de l’Union soviétique voient maintenant que le fascisme allemand est inexorable dans sa rage furieuse et dans sa haine contre notre patrie qui assure à tous les travailleurs le travail libre et le bien-être. Les peuples de l’Union soviétique doivent se dresser pour la défense de leurs droits, de leur terre, contre l’ennemi.
L’Armée et la Flotte rouges ainsi que tous les citoyens de l’Union soviétique doivent défendre chaque pouce de la terre soviétique, se battre jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour nos villes et nos villages, faire preuve de courage, d’initiative et de présence d’esprit — toutes qualités propres a notre peuple.
Il nous faut organiser une aide multiple à l’Armée rouge, pourvoir a son recrutement intense, lui assurer le ravitaillement nécessaire, organiser le transport rapide des troupes et des matériels de guerre, prêter un large secours aux blessés.
Il nous faut affermir l’arrière de l’Armée rouge, en subordonnant à cette œuvre tout notre travail ; assurer l’intense fonctionnement de toutes les entreprises ; fabriquer en plus grand nombre fusils, mitrailleuses, canons, cartouches, obus, avions ; organiser la protection des usines, des centrales électriques, des communications téléphoniques et télégraphiques ; organiser sur place la défense antiaérienne.
Il nous faut organiser une lutte implacable contre les désorganisateurs de l’arrière, les déserteurs, les semeurs de panique, les propagateurs de bruits de toutes sortes, anéantir les espions, les agents de diversion, les parachutistes ennemis en apportant ainsi un concours rapide à nos bataillons de chasse.
Il ne faut pas oublier que l’ennemi est perfide, rusé, expert en l’art de tromper et de répandre de faux bruits. De tout cela il faut tenir compte et ne pas se laisser prendre à la provocation. Il faut immédiatement traduire devant le Tribunal militaire, sans égard aux personnalités, tous ceux qui, semant la panique et faisant preuve de poltronnerie, entravent l’œuvre de la défense.
En cas de retraite forcée des unités de l’Armée rouge, il faut emmener tout le matériel roulant des chemins de fer, ne pas laisser à l’ennemi une seule locomotive ni un seul wagon ; ne pas laisser à l’ennemi un seul kilo¬gramme de blé, ni un litre de carburant. Les kolkhoziens doivent emmener tout leur bétail, verser leur blé en dépôt aux organismes d’État qui l’achemineront vers les régions de l’arrière. Toutes les matières de valeur, y compris les métaux non ferreux, le blé et le carburant qui ne peuvent être évacués doivent être absolument détruites.
Dans les régions occupées par l’ennemi, il faut former des détachements de partisans à cheval et à pied, des groupes de destruction pour lutter contre les unités de l’armée ennemie, pour attiser la guérilla en tous lieux, pour faire sauter les ponts et les routes, détériorer les communications téléphoniques et télégraphiques, incendier les forêts, les dépôts, les convois. Dans les régions
envahies, il faut créer des conditions insupportables pour l’ennemi et tous ses auxiliaires, les poursuivre et les détruire à chaque pas, faire échouer toutes les mesures prises par l’ennemi.
On ne peut considérer la guerre contre l’Allemagne fasciste comme une guerre ordinaire. Ce n’est pas seule¬ment une guerre qui se livre entre deux armées. C’est aussi la grande guerre du peuple soviétique tout entier contre les troupes fascistes allemandes. Cette guerre du peuple pour le salut de la patrie, contre les oppresseurs fascistes, n’a pas seulement pour objet de supprimer le danger qui pèse sur notre pays, mais encore d’aider tous les peuples d’Europe qui gémissent sous le joug du fascisme allemand.
Nous ne serons pas seuls dans cette guerre libératrice. Nos fidèles alliés dans cette grande guerre, ce sont les peuples de l’Europe et de l’Amérique, y compris le peuple allemand qui est asservi par les meneurs hitlériens. Notre guerre pour la liberté de notre patrie se confondra avec la lutte des peuples d’Europe et d’Amérique pour leur indépendance, pour les libertés démocratiques. Ce sera le front unique des peuples qui s’affirment pour la liberté contre l’asservissement et la menace d’asservissement de la part des armées fascistes de Hitler.
Cela étant, le discours historique prononcé par le Premier ministre de Grande-Bretagne, Monsieur Churchill, sur l’aide à prêter a l’Union soviétique et la déclaration du gouvernement des États-Unis se disant prêt à accorder toute assistance à notre pays ne peuvent susciter qu’un sentiment de reconnaissance dans le cœur des peuples de l’Union soviétique ; ce discours et cette déclaration sont parfaitement compréhensibles et significatifs.
Camarades, nos forces sont incalculables. L’ennemi présomptueux s’en convaincra bientôt. Aux côtés de l’Armée rouge se lèvent des milliers d’ouvriers, de kolkhoziens et d’intellectuels pour la guerre contre l’agresseur. On verra se lever les masses innombrables de notre peuple.
Déjà les travailleurs de Moscou et de Leningrad, pour appuyer l’Armée rouge, ont entrepris d’organiser une milice populaire forte de milliers et de milliers d’hommes. Cette milice populaire, il faut la créer dans chaque ville que menace le danger d’une invasion ennemie ; il faut dresser pour la lutte tous les travailleurs qui offriront leurs poitrines pour défendre leur liberté, leur honneur, leur pays, dans notre guerre contre le fascisme allemand, pour le salut de la patrie.
Afin de mobiliser rapidement toutes les forces des peuples de l’URSS, en vue d’organiser la riposte à l’ennemi qui a attaqué perfidement notre patrie, il a été formé un Comité d’État pour la Défense, qui détient maintenant la plénitude du pouvoir dans le pays. Le Comité d’État pour la Défense a commencé son travail, il appelle le peuple entier à se rallier autour du Parti de Lénine et de Staline, autour du gouvernement soviétique, pour soutenir avec abnégation l’Armée et la Flotte rouges, pour écraser l’ennemi, pour remporter la victoire.
Toutes nos forces pour le soutien de notre héroïque Armée rouge, de notre glorieuse Flotte rouge ! Toutes les forces du peuple pour écraser l’ennemi ! En avant vers notre victoire !
Vidéo : Joseph Staline
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Joseph Staline