Dolores Ibârruri ou « la pasionaria »
Introduction:
En avril 1931, les républicains remportent les élections dans quarante et une provinces espagnoles sur cinquante. Le roi Alphonse XIII part alors en exil et la seconde République est proclamée le 14 avril.
Des élections législatives sont organisées en juin 1931, qui portent au pouvoir les partis de la gauche républicaine. La réforme agraire de septembre 1932 et l’instabilité politique qui marque les débuts de la République provoquent des troubles et des soulèvements (notamment la révolte des Asturies en 1934) durement réprimés par l’armée. Entre 1932et 1936, les gouvernements se succèdent et l’on procède par deux fois à des élections anticipées qui donnent alternativement le pouvoir à la droite et à la gauche, tandis que des mouvements autonomistes se développent dans certaines provinces (Asturies, Catalogne).
Mais en janvier 1936, alors qu’une majorité de partis de gauche unis dans un Front populaire s’impose au pouvoir, les violences se multiplient : pillage d’églises, grèves sauvages, attentats. Autour des partis républicains, les extrêmes se radicalisent dans une gauche révolutionnaire et anarchiste et dans une droite fasciste. De violents débats ont lieu aux Cortes (le Parlent). En juin, le député monarchiste José Calvo Sotelo appelleement et l’armée à rétablir l’ordre ; la députée communiste Dolores Ibdrurri Gômez (1895-1989), plus connue
sous le pseudonyme de « La Pasionaria », réagit en le menaçant de mort. Quelques jours après, celui-ci est assassiné. C’est dans ce contexte qu’a lieu, le 17juillet, un soulèvement militaire au Maroc espagnol et en Espagne. Le 19 juillet, La Pasionaria prononce à Madrid le discours qui suit, resté célèbre pour sa formule emblématique « No pasardn ! » (« Ils ne passeront pas »), que l’on dit parfois reprise de la phrase martelée par le général Nivelle devant Verdun en 1916 mais qui demeure surtout le symbole de la lutte antifasciste. Le coup d’Etat nationaliste se mue en guerre civile : alimentées en hommes et en armes par l’Italie de Mussolini et par l’Allemagne d’Hitler, les troupes du général Francisco Franco progressent rapidement. Les républicains sollicitent en vain l’appui des démocraties européennes. Dolores Ibdrruri tente sans succès de fléchir le gouvernement Blum, qui a décidé de la non-intervention (cf. infraj, et elle agit durant toute la guerre pour tenter de sauver la cause républicaine, seulement soutenue par des volontaires de tous pays s’infiltrant en Espagne pour intégrer les Brigades internationales.
L’appel de La Pasionaria, aussi puissant que vain, a dramatiquement résonné sur le XXe siècle. Plus qu’une guerre civile, la guerre d’Espagne fut en effet une répétition générale de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle Mussolini et Hitler ont mis à l’épreuve leurs armées, leurs armes et leurs stratégies militaires, autant qu’ils ont pu tester la volonté des autres gouvernements européens d’entrer en guerre pour défendre leurs libertés et leurs principes démocratiques.
Face à la victoire franquiste en 1939, Dolores Ibdrruri, qui avait fait sienne la formule d’Emiliano Zapata : « Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux », s’exile en URSS. Reconnue comme une figure du communisme international (nationalité soviétique en 1960, docteur honoris causa de l’université de Moscou, prix Lénine de la paix en 1964, Ordre de Lénine en 1965), elle rentre en Espagne après la mort de Franco en 1975 Elle est élue une dernière fois députée communiste aux Cortes en 1977 et s’éteint paisiblement a quatre-vingt-treize ans.
Discours de Dolores Ibârruri :
! no pasaran !
Ouvriers ! Paysans ! Antifascistes ! Espagnols patriotes !
Face au soulèvement militaire fasciste, tous debout ! Défendons la République ! Défendons les libertés populaires et les conquêtes démocratiques du peuple !
Par les communiqués du gouvernement et du Front populaire, le peuple connaît la gravité du moment actuel. Au Maroc et aux Canaries, les travailleurs sont en lutte aux côtés des forces restées fidèles à la République, contre les militaires et les fascistes insurgés.
Au cri de : « Le fascisme ne passera pas, les bourreaux d’octobre ne passeront pas ! », les ouvriers et les paysans de diverses provinces d’Espagne s’incorporent à la lutte contre les ennemis de la République. Les communistes, les socialistes et les anarchistes, les républicains démocrates, les soldats et les forces demeurées loyales à la République ont infligé les premières défaites aux factieux qui traînent dans la boue de la trahison l’honneur militaire dont ils se glorifiaient tant.
Tout le pays vibre d’indignation devant ces misérables qui veulent plonger l’Espagne démocratique et populaire dans un enfer de terreur et de mort. Mais ils ne passeront pas ! L’Espagne entière s’apprête au combat. À Madrid, le peuple est dans la rue, soutenant le gouvernement et le stimulant avec son énergie et son esprit de lutte, pour que les militaires et les fascistes insurgés soient totalement écrasés.
Jeunes, préparez-vous au combat !
Femmes, héroïques femmes du peuple ! Souvenez- vous de l’héroïsme des femmes des Asturies en 1934.
Luttez vous aussi aux côtés des hommes pour défendre la vie et la liberté de vos enfants que le fascisme menace !
Soldats, fils du peuple ! Restez fidèles au gouvernement et à la République, luttez aux côtés des travailleurs, aux côtés des forces du Front populaire, aux côtés de vos parents, de vos frères et de vos camarades ! Luttez pour l’Espagne du 16 février, luttez pour la République, aidez- les à vaincre !
Travailleurs de toutes tendances ! Le gouvernement met entre vos mains des armes pour sauver l’Espagne et le peuple de l’horreur et de la honte que représenterait la victoire des bourreaux d’octobre couverts de sang. Que nul n’hésite ! Soyez tous prêts pour l’action ! Chaque ouvrier, chaque antifasciste doit se considérer comme un soldat en armes.
Peuples de Catalogne, du Pays basque et de Galice ! Espagnols de partout ! Défendons la République démocratique, consolidons la victoire obtenue par le peuple le 16 février.
Le Parti communiste vous appelle au combat. Il appelle tout spécialement les ouvriers, les paysans, les intellectuels à occuper un poste de combat pour écraser définitivement les ennemis de la République et des libertés populaires.
Vive le Front populaire !
Vive l’union de tous les antifascistes !
Vive la République du peuple !
Les fascistes ne passeront pas ! Ils ne passeront pas ! No pasaran !
Vidéo : Dolores Ibârruri ou « la pasionaria »
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Dolores Ibârruri ou « la pasionaria »
Une réponse pour "Dolores Ibârruri ou « la pasionaria »"
Bonjour,
Je recherche des traces de mon père, Léopold Hansen, qui était Belge et qui afait la guerre d’Espagne en 36/38.Il devait en principe faire partie du XIV ème brigade et dans le bataillon » Pierre Brachet ». La seule chose qu’il m’a dit qu’il se serait trouvé, à un certain moment, dans le maquis à Murcie. Mais pour y faire quoi? Mon père s’est tu sur toute cette période de sa vie et je cherche désepérement des renseignements mais je n’aboutis à rien. Pouvez-vous m’aider ou me guider ? Merci d’avance.