Le vin et les enfants disent la vérité
Auteur : Alcibiade , vers 416 av. j.-C.
Explication
Dans le traité philosophique du Banquet, Platon met en scène son maître Socrate. Le philosophe athénien devise librement de l’amour et du bonheur avec quelques convives, dont l’auteur de comédies Aristophane. Le stratège et dirigeant athénien Alcibiade (vers 450-404 av. J.-C.) surgit alors en titubant parmi les invités, couvert de violettes et de lierre, et demande : « Acceptez-vous de boire avec un homme qui a déjà beaucoup bu ? Vous moquerez-vous de moi parce que je suis ivre ? »
Pressé de faire à son tour un discours sur l’amour, Alcibiade confesse la passion qu’il a jadis éprouvée pour l’étude, mais aussi son amour secret pour son maître d’études, Socrate : « Je ne sais si quelqu’un a vu les beautés qui sont en lui, mais moi je les ai vues, et elles m’ont paru si divines, si éclatantes, si belles, si merveilleuses…» Hélas, le sage ne consentit jamais à le prendre pour amant, malgré sa jeunesse et sa beauté physique. Alcibiade tente alors, de façon particulièrement décousue, de justifier cet aveu insolite : « Car, comme dit le proverbe, le vin et les enfants disent la vérité, avec ou sans la bouche. » Ce phraseur éméché mêle ainsi deux adages grecs : « Le vin révèle la vérité » (in vino veritas, diront par la suite les Latins), et « La vérité sort de la bouche des enfants. »