Philippe Pétain
Introduction:
Maréchal de France après la Première Guerre mondiale, Philippe Pétain (1856-1951) s’est toujours montré respectueux de la loi républicaine. Quand Paul Reynaud propose au « vainqueur de Verdun » le poste de vice-président du Conseil de son gouvernement, celui-ci accepte, malgré — ou à cause de — ses quatre-vingt-quatre ans.
Devant l’avancée allemande, il préconise de demander l’armistice au plus vite, pour éviter une invasion totale du territoire français, s’opposant donc à ceux qui proposent de se replier sur les territoires de l’empire colonial pour continuer la lutte. C’est que l’on ne saurait selon lui abandonner les populations métropolitaines à l’ennemi. Quand les Américains refusent d’intervenir, le 14 juin, et que de Gaulle part pour la Grande-Bretagne, Paul Reynaud, minoritaire, doit démissionner. Le président Lebrun demande alors au maréchal Pétain de former un gouvernement, ce qu’il fait le 16 juin.
Paris est à ce moment occupé par des troupes allemandes qui continuent une avance vers le sud du pays sans rencontrer grande opposition, et les réfugiés sont par milliers mêlés à des armées en débâcle sur toutes les routes de France.
Le nouveau gouvernement, conformément au vœu de son chef demande aussitôt l’armistice, et Pétain, dans cette
allocution radiodiffusée, prévient de cette demande la population française.
Le texte affirme d’abord la continuité constitutionnelle et donc la légitimité du nouveau gouvernement, formé comme il se doit « à l’appel de Monsieur le président de la République ». Pétain se repose ensuite très logiquement sur la confiance des armées, des anciens combattants, puis du peuple, avant, dans une formule restée célèbre, de faire à la France le « don de sa personne ».
Discours de Philippe Pétain
JE FAIS A LA FRANCE LE DON DE MA PERSONNE
Français,
À l’appel de Monsieur le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction de la France.
Sûr de l’affection de notre admirable armée qui lutte, avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi supérieur en nombre et en armes.
Sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli nos devoirs vis-à-vis de nos alliés.
Sûr de l’esprit des Anciens Combattants que j’ai eu la fierté de commander.
Sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude.
C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat.
Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie.
Discours radiodiffusé du 17 juin 1940.
Vidéo : Philippe Pétain
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Philippe Pétain
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