Discours de Philippe Pétain
Introduction:
Une fois obtenu le soutien de la majorité des parlementaires, le maréchal Pétain peut mettre en place, par des actes constitutionnels, le nouveau régime. Il est centré autour de la personne du chef de ce qui n’est plus la « République française » mais l’« Etat français », et dont la nouvelle devise est « Travail, Famille, Patrie ». Toute une propagande se met en place, des images d’Epinal aux portraits largement affichés, en passant par le chant « Maréchal, nous voilà ».
L’armistice a permis de diviser la France entre une zone Nord (et Ouest) occupée et une zone Sud qui reste sous l’autorité du gouvernement installé à Vichy. Mais la France peut-elle rester « la seule France » au milieu d’une guerre mondiale ? Pétain tente d’abord la neutralité, mais l’entrevue de Montoire avec Hitler (24 octobre 1940) l’incite à prendre position pour la collaboration avec l’Allemagne nationale-socialiste. Dès lors, comment s’opposer aux décisions allemandes qui concernent les territoires occupés ? Et comment empêcher, ensuite, lors du déclenchement de la guerre contre l’Union soviétique, la création d’unités (la Légion des volontaires français, LVF) partant se battre dans la croisade contre le bolchévisme aux côtés d’unités allemandes, puis sous leur uniforme même ?
Pourtant, les principaux auteurs collaborationnistes, installés à Paris, restent réservés, et même critiques, sur le régime du Maréchal. Ils lui reprochent un côté «Ancien Régime », réactionnaire, totalement dépassé. Ils souhaitent, eux, que la France s’engage dans une voie révolutionnaire pour rejoindre les fascismes dans l’Europe nouvelle à laquelle ils aspirent. Des chefs politiques, comme l’ancien communiste Jacques Doriot, peuvent bien se réclamer du Maréchal en public : ce n’est souvent que pour légitimer leur activisme par la popularité du vieil homme.
Discours de Philippe Pétain:
j’entre dans la voie de la collaboration:
Français,
J’ai rencontré, jeudi dernier, le Chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes ; je vous dois, à ce sujet, quelques explications. Une telle entrevue n’a été possible, quatre mois après la défaite de nos armes, que grâce à la dignité des Français devant l’épreuve, grâce à l’immense effort de régénération auquel ils se sont prêtés, grâce aussi à l’héroïsme de nos marins, à l’énergie de nos chefs coloniaux, au loyalisme de nos populations indigènes. La France s’est ressaisie. Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu marque le premier redressement de notre pays.
C’est librement que je me suis rendu à l’invitation du Führer. Je n’ai subi, de sa part, aucun « Diktat », aucune pression. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J’en ai accepté le principe. Les modalités en seront discutées ultérieurement.
À tous ceux qui attendent aujourd’hui le salut de la France, je tiens à dire que ce salut est d’abord entre nos mains. À tous ceux que de nobles scrupules tiendraient
éloignés de notre pensée, je tiens à dire que le premier devoir de tout Français est d’avoir confiance. À ceux qui doutent comme à ceux qui s’obstinent, je rappellerai qu’en se raidissant à l’excès, les plus belles attitudes de réserve et de fierté risquent de perdre de leur force.
Celui qui a pris en main les destinées de la France a le devoir de créer l’atmosphère la plus favorable à la sauvegarde des intérêts du pays. C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d’occupation. Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l’administration et le ravitaille-ment du territoire.
Cette collaboration doit être sincère. Elle doit être exclusive de toute pensée d’agression, elle doit comporter un effort patient et confiant. L’armistice, au demeurant, n’est pas la paix. La France est tenue par des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur. Du moins reste-t-elle souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d’éteindre les divergences de l’opinion, de réduire les dissidences de ses colonies.
Cette politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C’est moi seul que l’histoire jugera. Je vous ai tenu jusqu’ici le langage d’un père : je vous tiens aujourd’hui le langage du chef. Suivez-moi ! Gardez votre confiance en la France éternelle !
Un an après la défaite de 1940, le régime de Vichy ne fonctionne pas aussi bien que l’espéraient le chef de l’État français et ses proches. La politique de collaboration, qui déçoit les ultras par ses atermoiements, choque inversement une large partie des Français. La politique d’exclusion des Juifs et des francs-maçons renie, elle, la tradition française. Et même en ce qui concerne la seule réforme de l’État, des Français qui auraient sans doute été favorables à une reprise en main institutionnelle après les errements et les scandales de la IIIe République considèrent que l’on ne peut se diviser alors qu’une partie du territoire est sous occupation de l’ennemi.
Le gouvernement de Pétain, et Pétain lui-même, sentent ces hésitations, et le Maréchal tente de reprendre les choses en main avec le discours qui suit. Juste après, il étend la prestation de serment de la part des fonctionnaires (militaires et magistrats sont concernés en août, le reste des fonctionnaires en octobre), une prestation de serment qui n’avait été instituée, en janvier 1941, que pour les seuls hauts fonctionnaires. Rappelons qu’un seul juge français, Paul Didier, refusera de s’y soumettre…
Ce texte reprend les éléments classiques du discours pétainiste : le culte du chef auquel on doit apporter sa confiance,
le mythe de l’unité nationale à refaire derrière lui, les efforts nécessaires et, bien sûr, ce « vent mauvais » des forces occultes, fourriers de l’étranger qui brisent ce bel élan national.le vent mauvais Français, J’ai des choses graves à vous dire. De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines un vent mauvais.
L’inquiétude gagne les esprits, le doute s’empare des âmes. L’autorité de mon gouvernement est discutée ; les ordres sont souvent mal exécutés. […]
Nos difficultés intérieures sont faites surtout du trouble des esprits, de la pénurie des hommes et de la raréfaction des produits.
Le trouble des esprits n’a pas sa seule origine dans les vicissitudes de notre politique étrangère. Il provient surtout de notre lenteur à reconstruire un ordre nouveau, ou plus exactement à l’imposer. La révolution nationale, dont j’ai, dans mon message du 11 octobre, dessiné les grandes lignes, n’est pas encore entrée dans les faits.
Elle n’y a pas pénétré, parce qu’entre le peuple et moi, qui nous comprenons si bien, s’est dressé le double écran des partisans de l’ancien régime et des serviteurs des trusts.
Les troupes de l’ancien régime sont nombreuses ; j’y range sans exception tous ceux qui ont fait passer leurs intérêts personnels avant les intérêts permanents de l’État : maçonnerie, partis politiques dépourvus de clientèle mais assoiffés de revanche, fonctionnaires attachés à un ordre dont ils étaient les bénéficiaires et les maîtres, ou ceux qui ont subordonné les intérêts de la patrie à ceux de l’étranger. Un long délai sera nécessaire pour vaincre la résistance de tous ces adversaires de l’ordre nouveau, mais il nous faut, dès à présent, briser leurs entreprises, en décimant les chefs. Si la France ne comprenait pas qu’elle est condamnée, par la force des choses, à changer de régime, elle verrait s’ouvrir devant elle l’abîme où l’Espagne de 1936 a failli disparaître et dont elle ne s’est sauvée que par la foi, la jeunesse et le sacrifice.
[…]
Le problème du gouvernement dépasse donc en ampleur le cadre d’un simple remaniement ministériel.
Il réclame, avant tout, le maintien rigide de certains principes. L’autorité ne vient plus d’en bas ; elle est proprement celle que je confie, ou que je délègue. […]
Je sais par métier ce qu’est la victoire : je vois aujourd’hui ce qu’est la défaite. J’ai recueilli l’héritage d’une France blessée ; cet héritage, j’ai le devoir de le défendre en maintenant vos aspirations et vos droits.
En 1917, j’ai mis fin aux mutineries.
En 1940, j’ai mis un terme à la déroute. Aujourd’hui, c’est de vous-mêmes que je veux vous sauver.
À mon âge, lorsqu’on fait à son pays le don de sa personne, il n’est plus de sacrifice auquel l’on veuille se dérober ; il n’est plus d’autre règle que celle du salut public.
Rappelez-vous ceci : un pays battu, s’il se divise, est
un pays qui meurt.
Un pays battu, s’il sait s’unir, est un pays qui renaît.
Vive la France !
Vidéo : Philippe Pétain
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Philippe Pétain
https://youtube.com/watch?v=pbYD1_xsAVI
4 réponses pour "Discours de Philippe Pétain"
La zone occupée continuait elle aussi d’être sous l’autorité de l’Etat français, qui continuait d’y nommer des préfets, des maires, etc.(ex. Bordeaux), sauf le nord pas de calais rattaché à Bruxelles, l’Alsace rattachée au gau Elsass-Baden et la Moselle rattachée au gau Pfalz.
L’armistice a évité à la France d’être entièrement occupée.
Les ordres de Vichy ont au début été bien exécutés. Les stigmates de la débâcle ont été rapidement effacés. La gendarmerie française a pu se réinstaller en zone occupée. Les réfugiés ont pu rentrer chez euxL
Les LVF est une création privée, et non pas de Pétain.
Les auteurs collaborationnistes parisiens étaient stipendiés et manipulés par Otto Abetz. Ils devaient neutraliser le résistancialisme des pétainistes
la guerre n’était pas mondiale tant que Hitler n’avait pas attaqué l’URSS et tant que le Japon n’avait pas attaqué les Etats-Unis. De juin 40 à juin 1941, la guerre n’était que hitléro-britannique, avec Hitler donné gagnant jusqu’en novembre 1942
il fallait bien être pétainiste, puisque l’angleterre seule était incapable de battre la Wehrmacht et de libérer la France. Comme en 1917, Pétain a en 40 choisi d’attendre les Américains.
la guerre n’était pas mondiale tant que Hitler n’avait pas attaqué l’URSS et tant que le Japon n’avait pas attaqué les Etats-Unis. De juin 40 à juin 1941, la guerre n’était que hitléro-britannique