Que cent fleurs s'épanouissent , que cent écoles rivalisent: que cent fleurs s'épanouissent que cent écoles rivalisent
Explication
En 1956, trois ans après la mort de Staline, le monde communiste tremble sur ses bases. En U.R.S.S., Nikita Khrouchtchev dénonce les crimes du stalinisme. En Hongrie et en Pologne, la population secoue la chape eu soviétique. La Chine, communiste depuis 1949, connaît une lutte de clans intense qui menace la suprématie du président Mao.
Dans son discours du 2 mai, le Grand Timonier invite à la libre confrontation des idées: «Oue cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent. » Il fait référence aux « cent écoles de pensée » des Royaumes combattants, expression imaginée par le philosophe taoïste Zhuangzl bave-me siècle av. J.-C.) pour qualifier le dynamisme de la pensée chinoise à son époque. Marginalisé au sommet du Parti, Mao reprend l’initiative le 27 février suivant en lançant véritablement la Campagne des cent fleurs. Exprimées en jargon révolutionnaire, ces paroles soulèvent un immense espoir dans la population : « L’idéologie de la bourgeoisie et celle de la petite bourgeoisie trouveront sûrement à se manifester. À coup sûr, ces deux classes s’obstineront à s’affirmer par tous les moyens dans les questions politiques et idéologiques. Il est impossible qu’il en soit autrement. Nous ne devons pas recourir à des méthodes de répression pour les empêcher de s’exprimer; nous devons le leui o permettre, et en même temps discuter avec elles et critiquer leurs idées de façon appropriée (…). Toute erreur est à critiquer, toute herbe vénéneuse est à combattre, mais cette critique ne doit pas être dogmatique. »
En quelques semaines, la Chine bruisse de contestation, les murs se couvrent de dazibaos. Mais le 8 juin, le Quotidien du peuple appelle jl «arracher les fleurs vénéneuses». Fin du printemps sifflée par Mao. Quelque 550 000 intellectuels sont envoyés en camp de rééducation par le travail. C’est l’avant-garde des millions de victimes de la Révolu tion culturelle, lancée dix ans plus tard.