Encore une victoire semblable et nous sommes perdus
Auteur : Pyrrhus , en 279 av. J.-C.
Explication
Au début du 111e siècle avant J.-C., les Romains étendent leur influence en direction du sud de l’Italie. La cité de Tarente, qui domine cette région appelée « Grande Grèce », se sent menacée. En 281 av. J.-C., elle lance un appel à l’aide à Pyrrhus, roi d’Épire. À la tête d’un État situé au nord- ouest de la Grèce, ce roi ne cache pas ses ambitions de reconstituer un empire grec vers l’Orient comme vers l’Occident, à la suite d’Alexandre le Grand.
Débarqué en 280 av. J.-C. avec 30 000 hommes et une vingtaine d’éléphants, Pyrrhus défait les légions romaines sur le golfe de Tarente à Héradée. Puis il pousse son avantage en fondant sur Rome. Mais ses immenses pertes ne sont pas compensées par les ralliements qu’il a obtenus en chemin. Après avoir fait demi-tour, il doit à nouveau affron¬ter les Romains l’année suivante dans les Pouilles, à Asculum. Pyrrhus, blessé au bras, a toujours l’avantage. Mais à ceux qui le félicitent, il répond : « Si nous remportons encore une victoire sur les Romains, nous sommes perdus. » Car, précise Plutarque, 3 500 de ses soldats ont été tués, ainsi que la plupart de ses amis et de ses généraux. Quant aux Romains, sous l’effet de la colère, ils recrutent de nouveaux hommes dans ie pays «comme à une source intarissable». Après une longue campagne en Sicile puis à nouveau sur la péninsule, le roi d’Épire est défait en 275 av. J.-C. Il doit se replier vers la Grèce.
Pour les Romains, une « victoire à la Pyrrhus » devient proverbiale : c’est un avantage en trompe-l’œil qui annonce la défaite finale. Le dicton avait aussi le mérite de masquer l’ampleur des victoires grecques sur le sol italien, pourtant bien réelles pendant quelques années. Sous l’influence des Romains, nous avons oublié le nom grec de ce roi : Pyrrhos, c’est-à-dire « de feu ».