Va , va et advienne que pourra
Auteur : ROBERT DE BAUDRICOURT , en 1429
Explication
En 1428, Jeanne d’Arc, fille d’un laboureur aisé de Domrémy, se présente à Robert de Baudricourt, « capitaine pour le roi » à Vaucouleurs, le chef- lieu. Elle lui fait part de voix intérieures qui lui ordonnent de se rendre à Chinon auprès du jeune Charles VII. Celui-ci a perdu une grande partie de son royaume à cause de l’alliance nouée entre les Anglais et les Bour-guignons, qui le surnomment ironiquement « le roi de Bourges ». Il est vrai que ses partisans, les Armagnacs, contrôlent tout juste les terres situées au sud de la Loire ; Orléans, assiégé par les Anglais, constitue le verrou de ce territoire ; s’il saute, le roi anglais pourra franchir la Loire et couper en deux ce fragile royaume.
Jeanne l’a compris. Elle est persuadée qu’elle transcendera l’armée royale afin de libérer Orléans et de sacrer le roi à Reims. Baudricourt renvoie la jeune fille à ses moutons. Mais la pucelle est tenace et revient le voir peu après. Finalement, en février 1429, le capitaine accorde à Jeanne une petite escorte (un chevalier, un écuyer et quatre serviteurs) qui la mènera vers le roi à Chinon. Après tout, que risque-t-on ? Baudricourt n’y croit guère, mais dans cette situation désespérée, la moindre chance doit être saisie. « Va, va et advienne que pourra », lui lance-t-il à son départ.
Pour l’officier royal, le sort de la France est peut-être dans les mains de cette simple jeune fille. Cet «advienne que pourra» signifie que le roi destin national est dans les mains de Dieu, ce qui est inacceptable pour les ennemis de Charles VII, tout aussi convaincus d’avoir Dieu à leurs côtés. Jeanne d’Arc, femme habillée en homme, ne pouvait donc être qu’une sorcière promise au jugement de Dieu.