Wang Du
Né en 1956 à Wuhan en Chine. Wang Du étudie à l’Académie des beaux-arts de Canton (1981-1985). De 1985 à 1990, il est professeur d’art plastique à l’Université polytechnique de la Chine du Sud. En 1986, année de sa première exposition, il est cofondateur et président du Salon des artistes de la Chine du Sud. En 1989, il participe à la manifestation pro-démocratique de Canton, pendant de celle de la place Tian’anmen à Pékin. Il est emprisonné de septembre 1989 à juin 1990. Libéré grâce à une campagne de presse, il s’installe à Paris en 1990. Il vit et travaille à Alfortville, près de Paris.
Œuvre
En 1986, Wang Du imagine une performance collective où une vingtaine d’artistes peints en blanc évoluent selon une chorégraphie, «en hurlant. [Il] avai[t] bidouillé une bande-son terrible, très violente, qu’ [il] avai[t] enregistrée clandestinement. […] Ce fut la révolution en Chine, ils n’avaient jamais vu cela». Il se démarque alors avec un travail d’avant-garde. Plus tard, en France, il réalise des sculptures et des performances dans lesquelles il analyse la société des médias, de l’information. Il fait des pièces polychromes «en trois dimensions pour représenter les images plates de la presse», des médias, en respectant le cadrage d’origine. Il utilise le plâtre «parce qu’on traite de l’information: ce doit être lourd à faire, lourd à digérer», puis fait des moulages en résine à plusieurs exemplaires. En 1994, il entreprend les Reliques, qui portent sur des faits divers. Puis, il crée de grandes installations. Avec Marché aux puces – ventes d’informations d’occasion (1999), il présente sur une table de neuf mètres de long des figures récurrentes de la presse, par «rubriques: la politique, le fait divers, l’érotisme, etc.». Avec Stratégie en chambre (1999), il traite de la guerre du Kosovo, de la «guerre sur le papier» et utilise des jouets d’enfant à usage guerrier, des journaux, des maquettes d’avion et des missiles en papier journal. Il entend, en représentant «ces armes très technologiques avec la matière des journaux, utiliser les médias contre les médias». Il réalise enfin d’autres sculptures reprenant en format monumental les feuilles mêmes des journaux, froissées [le Monde, 2000).
Propos de l’artiste
«Ici, en Occident, toutes les informations de type commercial, la publicité, etc. sont de la propagande. Quelques informations spécifiques – de l’ordre du savoir et de la connaissance : scientifiques, techniques… – délivrées par les médias sont de véritables informations. Mais, dans le contexte de la globalisation économique, aujourd’hui, tout acte consistant à délivrer une information est déjà en soi de la propagande. Il y a, bien sûr, quelques exceptions, mais dans l’ensemble, je pense qu’il est difficile de distinguer l’information de la propagande.»