Vérité et connaissance : Ce que nous appelons apprendre est une réminiscence
Cette formule répond au paradoxe suivant : comment peut-on désirer connaître ce que l’on ignore ? De fait, ne faut-il pas en avoir une certaine connaissance préalable pour être à même de le rechercher, et de le reconnaître une fois que nous l’avons trouvé ?
La réponse que Platon prête à son maître Socrate est que nous n’ignorons jamais complètement, car l’âme possède des connaissances latentes qu’il lui faut réactualiser. De sorte qu’apprendre est une réminiscence, consistant à se ressouvenir de ce que nous avons oublié. Cette thèse est illustrée par l’exemple d’un jeune esclave inculte que Socrate conduit, par une série de questions, à la découverte de la méthode mathématique du doublement de la surface d’un carré. Tout se passe comme si, éveillée par l’interrogation, l’âme de l’ignorant déployait ses virtualités innées et recouvrait alors la mémoire d’un savoir enfoui.
Cette thèse peut laisser sceptique en ce qu’elle suppose que l’âme est immortelle, et, qu’avant de s’incarner dans un corps, elle a contemplé des vérités éternelles qui lui ont laissé une empreinte. On peut néanmoins reconnaître que le savoir ne se réduit pas à l’accumulation de connaissances et fait appel à la mobilisation de notre puissance de comprendre. Dans ce cas, la réminiscence ne désignerait pas un simple exercice de remémoration, mais évoquerait plutôt le devoir d’apprendre par nous-même en cherchant au fond de notre âme les moyens de parvenir au vrai.