Vérité et connaissance : La volonté de vérité pourrait être secrètement une volonté de mort
La connaissance se prétend vouée à la recherche du vrai dans le but d’améliorer notre sort. Pourtant, Nietzsche soupçonne que la nature réelle de cette volonté est à l’inverse un désir de mort. Comment la vérité peut-elle être au service du refus de l’existence ?
La vérité n’est pas qu’une propriété du savoir, elle procure également des avantages pratiques. Déclinée en science, elle rassure en dévoilant la régularité des lois qui gouvernent le monde sous la multiplicité des phénomènes. Posée en commandement moral, elle nous protège de la tromperie des hommes par la valorisation des vertus de sincérité et de véracité. Ainsi, la volonté de vérité, en condamnant les apparences et en interdisant le mensonge, est le symptôme d’une volonté sous-jacente, un projet d’ordre et de clarté. Or cette tendance n’aboutit-elle pas au refus du monde et de l’existence tels qu’ils sont ? En effet, il nous faut, selon Nietzsche, reconnaître que la vie est un chaos d’illusions, sources d’aveuglements sur soi, sur autrui et sur le monde. Nier et déprécier cette réalité au nom de valeurs supérieures trahit une hostilité à l’égard de la vie et, en cela, s’apparente à une secrète volonté de mort.
Vivre, au contraire, exige que l’on renverse l’ordre des valeurs en acceptant le caractère irréductible du mensonge et de la tromperie. S’en réjouir et en jouer par la création artistique, faire de l’illusion un pouvoir vital au service d’une action débarrassée de toute crainte, tel est pour Nietzsche la marque d’une saine volonté.
Vidéo: Vérité et connaissance : La volonté de vérité pourrait être secrètement une volonté de mort
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