La science : Le soleil ne se lèvera pas demain
Cet énoncé, ajoute immédiatement David Hume, « n’est pas moins intelligible et n’implique pas plus de contradiction que l’affirmation : il se lèvera ». Car le philosophe écossais n’est pas fou, il affirme seulement que le fait que le soleil se lève n’est pas plus une nécessité logique que le fait qu’il ne se lève pas. Mais alors, pourquoi le lever du soleil serait-il un phénomène hypothétique ?
Pour un penseur empiriste tel que Hume, la connaissance du monde dérive du témoignage de nos sens. Lorsque des phénomènes se reproduisent de façon régulière et semblable, notre raison, habituée à en faire l’expérience, leur attribue une nécessité logique. Mais il s’agit d’une vue de l’esprit : nous ne pouvons être absolument certains qu’un phénomène qui s’est produit des milliers de fois dans le passé se reproduira à l’avenir. La répétition d’une expérience vécue ne peut pas fournir une certitude du type de celles que nous obtenons en mathématiques. Autrement dit, une accumulation de faits particuliers ne permet jamais d’établir une loi universelle.
On ne saurait confondre la critique rigoureuse de Hume avec un rejet de la connaissance scientifique. Il ne s’agit pas de présenter le lever du soleil comme douteux ; Hume le considère au contraire comme un fait extrêmement probable. Mais son analyse nous indique que, faute de pouvoir accéder à la nature profonde des choses, nous ne devons pas prendre nos jugements sur les faits pour des vérités absolues. En toute rigueur, il n’y a tout simplement pas de contradiction logique à affirmer que le soleil ne se lèvera pas demain.