La science : Toute "bonne" théorie scientifique consiste à interdire à certains faits de se produire
Karl Popper est l’un des philosophes des sciences les plus célèbres. En 1919, dans la Vienne de l’après-guerre, il pense percevoir la spécificité des théories scientifiques. Est-ce que, comme on l’affirmait déjà à l’époque, elles sont tout simplement les mieux vérifiées ?
Pas tout à fait. Pour Popper, le progrès des sciences se poursuit sans fin depuis des siècles. Toute théorie, même la mieux validée par l’expérience, ne représente au fond que l’état des connaissances à un moment donné. La science n’offre pas, en ce sens, de vérité absolue. En revanche, il est indéniable qu’elle permet d’écarter définitivement certaines conceptions erronées en leur infligeant un démenti expérimental. C’est pourquoi le véritable scientifique n’est pas tant celui qui cherche à confirmer ses propres hypothèses que celui qui s’emploie à les réfuter ou, comme le dit Popper, à les « falsifier ». Non par masochisme, mais parce que c’est justement ainsi que progresse la science : en s’exposant sans cesse au risque d’être récusée par l’expérimentation. Ainsi, plus une théorie affirme que certains faits sont impossibles, plus elle prend de risques et peut donc être considérée comme scientifique !
La pire des « sciences » serait sans doute à ce compte l’astrologie. Beaucoup d’astrologues s’ingénient en effet à faire des prédictions tellement vagues qu’elles ne risquent jamais d’être contredites par l’expérience. Grâce à ces déclarations « infalsifiables », ils n’interdisent finalement aucun avenir ! Exactement ce qu’un bon scientifique, selon Popper, ne devrait jamais faire.