La religion : La volonté de dieu , cet asile de l'ignorance
Le croyant habite un monde où chaque événement se déchiffre comme une conséquence de la toute-puissante volonté divine. Comment justifier dans ce cas que les malheurs s’abattent indifféremment sur les hommes, bons et mauvais ? Par quel mystère Dieu pourrait-il permettre de telles injustices ?
Les dévots répondent en invoquant l’impénétrabilité des intentions divines : la créature ne saurait discerner les desseins de son Créateur. Or Spinoza récuse cette thèse qu’il assimile à de la superstition, car rien dans le monde n’échappe à une explication rationnelle et tout phénomène peut se comprendre par Pélucidation de ses causes. C’est face à des phénomènes angoissants, comme une épidémie de peste, que la peur, avide d’explication rassurante, accepte toutes les réponses et convertit la foi en crédulité. Elle nous porte alors à interpréter la maladie, non comme un processus de contamination biologique, mais comme le signe d’un châtiment céleste. Pourtant, en nous réfugiant dans l’énigmatique volonté divine, nous ne faisons que camoufler notre ignorance. Plus grave, en justifiant ces divagations par la « volonté de Dieu », nous faisons de lui un être capricieux et contradictoire, ce qui le dessert au lieu de le glorifier !
C’est donc au nom du savoir et de la religion véritables que Spinoza dénonce les égarements de l’imagination superstitieuse. Mais cela le conduit à s’attirer les foudres des dignitaires religieux qui « savent bien que détruire l’ignorance, c’est détruire Vétonnement imbécile, c’est-à-dire leur unique moyen (…) de sauvegarder leur autorité ».