L'art : L'art est le grand stimulant de la vie
Dès son premier ouvrage, Nietzsche accorde à l’art un rôle prépondérant Sa philosophie s’alimente de la certitude que les œuvres d’art, avant de constituer un patrimoine culturel, sont au service de notre énergie vitale.
L’artiste incarne, aux yeux du philosophe allemand, l’être libre et libérateur par excellence. Libre car, tout entier investi dans un processus créatif, il est dégagé des considérations morales. Libérateur, puisqu’il ouvre de nouveaux horizons et invite ses adeptes à emprunter, après lui, les chemins qu’il a explorés. Ses créations ne se limitent pas à des objets, mais ont d’abord pour fonction d’inventer des manières d’être inédites. De fait, l’art authentique propose des expériences qui ne vont pas sans douleur et c’est sans doute pour cette raison que le philosophe affectionne tout particulièrement la tragédie. Celle-ci nous plonge en effet dans ce que Nietzsche nomme le « dionysiaque », en écho au dieu grec de l’ivresse et de l’excès. Elle donne à voir la vie avec son cortège de souffrances, de cruautés et d’absurdités. Sa force est de révéler l’existence dans ce qu’elle a de plus terrible, non pour nous en dégoûter, mais pour nous porter à accepter qu’elle ne saurait être autrement… et qu’elle est hautement aimable pour cette raison.
L’art ne constitue donc pas pour Nietzsche un monde idéal ou une existence par procuration, il est au contraire ce qui galvanise notre vitalité. Affirmation lucide de l’existence, il l’exacerbe dans ce qu’elle a de créatif, d’ambivalent et d’excessif.