La liberté : Il n'y a point de liberté sans lois: il n'y a pas de liberté sans loi
Pour comprendre que la loi fonde la liberté, il faut d’abord se défaire de l’idée que celle-ci se réduit à l’absence de contraintes. Cette liberté là, propre à celui qui n’agit qu’en fonction de ses désirs, n’admet aucun obstacle car toute loi lui paraît oppressive. Mais si le principe de la loi semble restrictif, n’est-ce pas parce qu’on l’envisage de l’extérieur, au regard de ce qu’elle interdit, et non de l’intérieur, pour ce qu’elle autorise?
En effet, ce qui menace la liberté est moins la loi que la liberté d’autrui. Si chacun peut faire ce qui lui plaît, il déplaît forcément aux autres car rien ne lui interdit de leur imposer ses désirs. D’où la nécessité de lois qui définissent des limites, et par là même l’espace dans lequel la liberté de chacun peut s’épanouir. Protégeant les droits par les devoirs de chacun, la loi est bien en ce sens la condition de la liberté.
Ce principe vaut évidemment en politique, où l’État de droit garantit les libertés. Mais il prend toute son ampleur dans le domaine moral, où la seule loi légitime est pour Rousseau celle que l’on se donne à soi-même. Dans le premier cas, l’autorité politique empêche l’individu d’empiéter sur les droits d’autrui, en recourant à la contrainte s’il le faut ; dans le second, c’est la volonté qui s’exerce elle-même à réprimer ses motivations égoïstes en vue de respecter autrui. La liberté s’incarne donc par excellence dans l’autonomie de la volonté qui s’oblige à faire le bien.