Barack Obama
Introduction:
Barack Hussein Obama, né le 4 août 1961 à Honolulu, est le premier Afro-Américain à accéder à la Maison- Blanche. Fils d’un Kenyan et d’une Américaine blanche, il a passé plusieurs années de son enfance en Indonésie. De retour aux États-Unis, il suit les cours de l’université de Columbia et de la faculté de droit de Harvard, où il préside la Harvard Law Review. Avocat spécialisé en droit privé, il enseigne aussi le droit constitutionnel à l’université de Chicago.
Barack Obama débute en politique par son élection au Sénat de Tlllinois de 1996 à 2004. Il demande l’investiture démocrate pour la Chambre des représentants en 2000, échoue, mais obtient quatre années plus tard son sésame, cette fois pour l’élection sénatoriale. Sénateur des États-Unis depuis novembre 2004, il s’oppose notamment à la politique menée par George W. Bush en Irak.
Il déclare sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidence des États-Unis le 10 février 2007à Springfield. Il bataille durement ensuite pour arriver à remporter les primaires face à Hillary Clinton, dont il fera, une fois au pouvoir, sa représentante sur la scène internationale. Il est officiellement désigné candidat lors de la convention démocrate de Denver, le 27août 2008.
Opposé au candidat républicain John McCain, il remporte, le 4 novembre 2008, avec 52,9 % des voix, une élection présidentielle américaine qui aura passionné les États-Unis et le reste du monde, la France notamment. Il entre en fonction le 20 janvier 2009.
Plutôt que le discours d’investiture prononcé alors, plus convenu, plus centré sur la politique internationale, nous avons choisi de présenter le discours prononcé à Chicago par lequel Barack Obama remercie ses soutiens et décrit, comme d’autres présidents américains avant lui, le nouvel élan qu’il veut donner à son pays.
Discours de Barack Obama:
YES, WE CAN
Bonsoir Chicago,
S’il y a une seule personne ici qui doute encore que l’Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande toujours si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute toujours du pouvoir de notre démocratie, ce soir, vous avez la réponse.
C’est la réponse donnée par des files d’attente autour des églises et des écoles — les plus nombreuses que le pays a vues, par des personnes qui ont attendu trois ou quatre heures, pour la première fois de leur vie pour beaucoup, parce qu’ils ont cru que cette fois, ça devait être différent et que leur voix pouvait faire la différence.
C’est la réponse donnée par des jeunes et des vieux, des riches et des pauvres, des démocrates et des républicains, des Noirs, des Blancs, des Hispaniques, des Asiatiques, des Amérindiens, des homos, des hétéros, des handicapés et des valides. Des Américains qui ont rappelé au monde entier que nous n’étions pas simplement faits d’individus ou d’États rouges et d’États bleus…
Nous sommes et nous serons toujours les États-Unis d’Amérique !
C’est la réponse qui a conduit ceux dont on a longtemps dit qu’ils étaient cyniques, craintifs et emplis de doutes sur ce qu’ils pouvaient accomplir, à se saisir de l’arc de l’Histoire et à le bander à nouveau vers l’espoir de jours meilleurs.
Ce jour a mis du temps à venir mais ce soir, grâce à ce que l’on a réalisé aujourd’hui durant cette élection, à ce moment précis, le changement arrive en Amérique.
Je n’oublierai jamais à qui cette victoire appartient vraiment. Elle vous appartient. Elle vous appartient.
Je n’ai jamais été le candidat favori pour ce poste. Nous avons commencé avec peu d’argent et peu de soutien. Notre campagne n’est pas née dans les couloirs de Washington. Elle a commencé dans les jardins de Des Moines, les salons de Concord et sous les porches de Charleston. Elle a été construite par les travailleurs, hommes et femmes, qui ont pioché dans leurs économies pour donner, cinq, dix et vingt dollars à la cause. Elle a pris force grâce aux jeunes qui ont rejeté le mythe d’une « génération apathique »… et qui ont quitté leur domicile et leur famille pour des emplois leur offrant une faible rémunération et encore moins de sommeil. Elle s’est renforcée grâce aux moins jeunes qui ont affronté le froid et la chaleur pour aller frapper à la porte de parfaits inconnus et grâce aux millions d’Américains qui se sont portés volontaires, se sont organisés et ont prouvé que plus de deux siècles après, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ne disparaîtra pas de la Terre.
Ceci est votre victoire.
Et je sais que vous ne l’avez pas seulement fait pour gagner une élection, je sais que ne l’avez pas fait pour moi. Vous l’avez fait parce que vous comprenez l’énormité de la tâche qui nous attend. Alors que nous célébrons ce soir, nous savons que les défis que demain nous apportera sont les plus importants de notre vie : deux guerres, une planète en danger, la pire crise financière depuis un siècle. Alors que nous sommes ici ce soir, nous savons qu’il y a de braves Américains qui se réveillent dans le désert d’Irak et les montagnes d’Afghanistan pour risquer leur vie pour nous. Il y a des pères et des mères qui vont rester éveillés après avoir couché les enfants et qui vont se demander comment ils vont payer leur prêt, le médecin, ou comment ils vont mettre assez d’argent de côté pour payer les études de leurs enfants. Il y a de nouvelles énergies à maîtriser, de nouveaux emplois à créer, de nouvelles écoles à construire, des menaces à affronter, des alliances à reconstruire.
La route devant nous sera longue. La pente sera dure. Nous n’y serons peut-être pas en un an, ou même en un mandat mais, Amérique, je n’ai jamais eu plus d’espoir d’y arriver que je n’en ai eu ce soir. Je vous le promets. Nous, en tant que peuple, y arriverons.
Il y aura des échecs et des faux départs. Il y en a beaucoup qui ne seront pas d’accord avec toutes les décisions que je prendrai en tant que président. Nous savons aussi que le gouvernement ne peut pas résoudre tous les problèmes mais je serai toujours honnête avec vous sur les défis auxquels nous ferons face. Je vous écouterai, surtout quand nous ne serons pas d’accord, et par-dessus tout, je vous demanderai de me rejoindre dans cette œuvre de reconstruction de la nation, de la seule façon dont cela a été fait depuis deux cent vingt et un ans,
pierre après pierre, brique après brique, main calleuse après main calleuse.
Ce qui a commencé il y a vingt et un mois au plus profond de l’hiver ne peut pas se terminer en cette nuit d’automne. Cette victoire seule ne représente pas le changement que nous cherchons. C’est seulement la chance pour nous de faire ce changement et cela ne peut pas se produire si nous revenons à la façon dont les choses ont été faites avant. Cela ne peut pas se produire sans vous, sans un nouvel esprit de service, un nouvel esprit de sacrifice. Il nous faut donc convoquer un nouvel état d’esprit de patriotisme, de responsabilité où chacun d’entre nous se résout à s’investir, à travailler plus dur et à veiller, pas seulement sur soi-même, mais aussi les uns sur les autres. Rappelons-nous que, si jamais cette crise financière nous apprend quelque chose, c’est que l’on ne peut pas avoir une Wall Street vigoureuse et une Main Street qui souffre.
Dans ce pays, nous nous élevons ou nous tombons comme une seule nation, comme un seul peuple. Résistons à la tentation de revenir au même esprit partisan, à la mesquinerie et à l’immaturité qui ont empoisonné notre vie politique pendant si longtemps. Rappelons- nous que c’est un homme de cet État qui le premier a porté la bannière du Parti républicain à la Maison- Blanche, un parti fondé sur les valeurs d’indépendance, de liberté individuelle et d’unité nationale. Tous, nous partageons ces valeurs et, tandis que le Parti démocrate a gagné cette élection, nous le faisons avec humilité et détermination afin de faire disparaître les divisions qui ont entravé nos progrès.
Comme Lincoln l’a dit à une nation encore plus divisée que la nôtre, nous ne sommes pas des ennemis mais des amis. Bien que la passion ait pu avoir tendu nos liens d’affection, elle ne doit pas les rompre.
Et à ces Américains dont je dois encore gagner le soutien, je n’ai peut-être pas recueilli votre vote ce soir mais je vous entends. J’ai besoin de votre aide et je serai aussi votre président. Et à tous ceux qui, ce soir, nous regardent au-delà de nos frontières, dans les Parlements et les palais, à tous ceux qui sont réunis autour des radios dans les coins oubliés du monde, nos histoires sont uniques mais notre destinée est partagée et une nouvelle aube du leadership américain est à portée de main.
À ceux… à ceux qui veulent détruire le monde : nous vous vaincrons. À ceux qui cherchent la paix et la sécurité : nous vous soutiendrons. Et à tous ceux qui se demandent si le phare de l’Amérique brille toujours autant, nous vous avons prouvé une fois de plus ce soir que la véritable force de notre nation ne vient pas de la puissance de nos armes ou de l’étendue de notre richesse mais de la force de nos idéaux : la démocratie, la liberté, l’opportunité et l’espoir infaillible.
Voilà le vrai génie de l’Amérique : sa capacité à changer. Notre union peut être parfaite. Ce que nous avons déjà réalisé nous donne l’espoir pour ce que nous pouvons et devons faire demain.
Cette élection a vu beaucoup de premières fois et beaucoup d’histoires qui seront répétées pendant des générations. Une de ces histoires que j’ai en tête ce soir est celle de cette femme qui a voté à Atlanta. Elle ressemble beaucoup aux millions d’autres personnes qui ont fait la queue pour faire entendre leur voix dans cette élection, sauf sur un point : Ann Nixon Cooper a cent six ans.
Elle est née une génération seulement après l’esclavage, à une époque où il n’y avait pas de voitures dans les rues ou d’avions dans le ciel ; à une époque où quelqu’un comme elle ne pouvait pas voter pour deux raisons—parce qu’elle était une femme et à cause de la couleur de sa peau.
Et ce soir je pense à tout ce dont elle a été témoin durant son siècle en Amérique – aux douleurs et aux joies, aux batailles et aux progrès, à ces moments où l’on nous disait que nous ne pouvions pas et à ces gens qui continuaient à avancer avec cette foi en l’Amérique : oui, nous le pouvons.
À une époque où les voix des femmes étaient réduites au silence et leurs espoirs rejetés, elle a vécu pour les voir se lever, parler et obtenir le droit de vote.
Oui, nous le pouvons.
Quand le désespoir a touché la région du Dust Bowl et la dépression le pays, elle a vu une nation vaincre sa peur avec le New Deal, des emplois et un nouveau sens de l’intérêt commun.
Oui, nous les pouvons.
Quand les bombes sont tombées sur notre port et que la tyrannie menaçait le monde, elle a été témoin d’une génération qui s’est élevée à la grandeur et une démocratie a été sauvée.
Oui, nous le pouvons.
Elle était là pour les bus à Montgomery, les lances à eau à Birmingham, un pont à Selma et un prédicateur d’Atlanta qui a dit à un peuple : We shall overcome.
Oui, nous le pouvons.
Un homme a marché sur la Lune, un mur est tombé à Berlin, un monde a été relié par la force de notre science et de notre imagination. Et cette année, à l’occasion de cette élection, elle a touché un écran avec son doigt et elle a voté, parce qu’après cent six ans en Amérique, à travers les pires moments comme les meilleurs, elle sait à quel point l’Amérique peut changer.
Oui, nous le pouvons.
Amérique, nous sommes arrivés si loin. Nous avons vu tant mais il y a encore tellement à faire. Alors ce soir, demandons-nous – si nos enfants voient le siècle prochain, si mes filles ont la chance de vivre aussi longtemps qu’Ann Nixon Cooper, que verront-ils ? Quels progrès aurons-nous faits ?
C’est notre chance de répondre à cette question. Notre moment est venu.
Notre moment est venu de remettre les gens au travail et de permettre à nos enfants de saisir leur opportunité, de restaurer la prospérité et de promouvoir les causes de la paix, de relancer le rêve américain et de réaffirmer cette vérité fondamentale : tous unis, nous ne formons qu’un ; tant que nous respirons, nous espérons. Et à tous ceux qui accueillent avec cynisme et doutes et qui nous disent que nous ne pouvons pas, nous leur répondrons avec cet espoir sans fin qui résume l’esprit de notre peuple :
Oui, nous le pouvons.
Merci. Que Dieu vous bénisse et que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique.
Discours prononcé à Chicago, le 4 novembre 2008.
Vidéo : Barack Obama
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Barack Obama
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