Frédéric Bruly Bouabré
Né en 1923 à Zéprégühé en Côte-d’Ivoire (pays Bété) Frédéric Bruly Bouabré travaille comme fonctionnaire dans l’administration coloniale. Il vient à une pratique du dessin et de l’écriture en 1948. Ses recherches sont publiées pour la première fois en 1958 par Théodore Monod, mais son travail n’est réellement découvert qu’en 1989, à l’occasion de l’exposition «les Magiciens de la terre, organisée à Paris par Jean-Hubert Martin. Il participe ensuite à toutes les grandes biennales internationales. Il vit et travaille à Zéprégühé et à Abidjan.
Œuvre. Le 11 mars 1948, Frédéric Bruly Bouabré a une vision de sept soleils qui lui indiquent une nouvelle voie : il devient le prophète Cheik Nadro et se donne pour mission de donner une écriture à son pays, qui n’a, hors le français, qu’une culture de l’oralité car «l’alphabet est la mémoire de la vie humaine». Depuis, il dessine son alphabet au stylo et aux crayons de couleur sur des feuilles cartonnées d’un format invariable de 9,5 x 15 centimètres.
Il crée ses formes en s’inspirant des cailloux de Békora, un village bété, et reprend des symboles universels, hiéroglyphiques, mystiques mais aussi des images simples, figuratives. Il les place au centre de la carte et les entoure, les légendes avec la traduction écrite du mot considéré en langue bété et en français. Il a entrepris des séries qu’il enrichit au fil du temps: ensembles érotiques, animaliers, de végétaux, légendaires [la Légende Zacrô-Zépé, 1990) mais aussi les Grandes Figures, hommes politiques et stars, ou la suite Connaissance du monde (1989-1996).
Propos de l’artiste. «Quand je dessine, ce qui m’intéresse réellement c’est la pensée, et je révère ma pensée. […] Quand j’écris, c’est comme si je dessinais les lettres. Et quand je dessine, je donne un sens à mon dessin, une pensée, parce que l’homme est toujours intéressé par la pensée et qu’un homme est un homme parce qu’il pense.»