David Ben Gourion
Introduction:
Le sionisme, cette thèse selon laquelle la diaspora juive doit se regrouper sur la terre de ses ancêtres et y fonder un État indépendant, date politiquement de la fin du XIX siècle, avec la publication de L’état des Juifs de Theodor Herzl en 1896, et le premier congrès sioniste l’année suivante. De fait, des communautés juives, confrontées aux pogroms de l’Europe de l’Est, émigrent vers la Palestine dès le début du XXe siècle. Et en 1917, pour la première fois, Lord Balfour, ministre des Affaires étrangères du gouvernement britannique — la Palestine qui appartenait à L’État ottoman étant passée sous mandat britannique à la fin de la Grande Guerre —, évoque, dans une déclaration restée célèbre, la création d’un « foyer national pour le peuple juif ».
David Ben Gourion (1886-1973), né en Pologne, émigre en Palestine en 1906, et s’occupe de mettre en place des organisations juives d’autodéfense. La tension se renforce en effet entre les deux guerres, car la Palestine connaît de nombreuses émeutes arabes dirigées contre les colons juif, tandis que les Anglais tentent de limiter l’immigration juive.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, des mouvements juifi extrémistes, comme le groupe Stem ou l’Irgoun, organisent des actions spectaculaires, principalement dirigées contre les Anglais, faisant de nombreux morts. Ben Gourion pour sa part prend en main la Haganah, une force armée qui sera le noyau de la future armée d’Israël et qui organise l’immigration de nombreux Juifs en Palestine, contre la volonté britannique.
En 1947, l’affaire de Exodus, un bateau transportant cinq mille Juifi immigrants clandestins (dont beaucoup de rescapés des camps d’extermination) stoppés et renvoyés sans ménagement vers l’Allemagne par les Britanniques, alerte l’opinion publique internationale et bouleverse les choses. Le 29 novembre 1947, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies, un plan de partage de la Palestine est adopté, déclenchant aussitôt des affrontements entre civils juifi et arabes. Le 14 mai 1948, l’État d’Israël est créé et déclare son indépendance, tandis que les Britanniques commencent à quitter le territoire le lendemain.
Discours de David Ben Gourion:
CREATION DE L’ETAT D’ISRAËL:
La terre d’Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que s’est formée son identité spirituelle, religieuse et nationale. C’est là qu’il a réalisé son indépendance et créé une culture qui a une signification nationale et universelle. C’est là qu’il a écrit la Bible et l’a offerte au monde.
Contraint à l’exil, le peuple juif est resté fidèle à la terre d’Israël dans tous les pays où il s’est trouvé dispersé, ne cessant jamais de prier et d’espérer y revenir pour rétablir sa liberté nationale.
Motivés par ce lien historique, les Juifs ont lutté au cours des siècles, pour revenir sur la terre de leurs ancêtres et retrouver leur État. Au cours des dernières décennies, ils sont revenus en masse. Ils ont mis en valeur les terres incultes, ont fait renaître leur langue, ont construit des villes et des villages, et ont installé une communauté entreprenante et en plein développement qui a sa propre vie économique et culturelle. Ils ont recherché la paix tout en étant prêts à se défendre. Ils ont apporté les bienfaits du progrès à tous les habitants du pays et se sont préparés à l’indépendance souveraine.
En 1897, le premier congrès sioniste, inspiré par la vision de l’État juif de Theodor Herzl, a proclamé le droit du peuple juif au renouveau national dans son propre pays.
Ce droit a été reconnu par la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917, et réaffirmé par le mandat de la Société des Nations qui a apporté une reconnaissance internationale formelle au lien historique du peuple juif avec la Palestine et à son droit de rétablir son Foyer national.
Le récent holocauste, qui a anéanti des millions de Juifs en Europe, a de nouveau montré le besoin de résoudre le problème dû au manque de patrie et d’indépendance du peuple juif, par le rétablissement de l’État juif, qui ouvrirait ses portes à tous les Juifs et conférerait au peuple juif un statut d’égalité au sein de la communauté des nations.
Les survivants du terrible massacre en Europe, de même que les Juifs venus des autres pays, n’ont pas abandonné leurs efforts pour rejoindre Israël, en dépit des difficultés, des obstacles et des périls ; et ils n’ont pas cessé de revendiquer leur droit à une vie de dignité, de liberté et de travail honnête sur la terre de leurs ancêtres.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive de Palestine a apporté sa pleine contribution au combat des nations éprises de liberté contre le fléau nazi. Les sacrifices de ses soldats et son effort de guerre lui ont valu le droit de figurer parmi les nations qui ont fondé l’Organisation des Nations unies.
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution recommandant la création d’un État juif en Palestine. L’assemblée générale a demandé aux habitants de ce pays de prendre toutes les mesures nécessaires pour l’application de cette résolution. Cette reconnaissance par les Nations unies du droit du peuple juif à établir son État indépendant est irrévocable.
C’est là le droit naturel du peuple juif de mener, comme le font toutes les autres nations, une existence indépendante dans son État souverain.
En conséquence, nous, membres du Conseil national, représentant la communauté juive de Palestine et le Mouvement sioniste mondial, sommes réunis en assemblée solennelle aujourd’hui, jour de la cessation du mandat britannique en Palestine, et en vertu du droit naturel et historique du peuple juif et conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies.
Nous proclamons la création de l’État juif en Palestine qui portera le nom d’État d’Israël.
Nous déclarons qu’à compter de la fin du mandat, à minuit, dans la nuit du 14 au 15 mai 1948, et jusqu’à ce que les organismes de l’État régulièrement élus conformément à une Constitution qui sera élaborée par une Assemblée constituante d’ici au 1er octobre 1948, le Conseil national agira en qualité de Conseil provisoire de l’État, et l’Administration nationale fera fonction de gouvernement provisoire de l’État juif, qui sera appelé Israël.
L’état d’Israël sera ouvert à l’immigration des Juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il veillera au développement du pays au bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix ainsi que cela avait été conçu par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité sociale et politique à tous ses citoyens, sans distinction de religion, de race ou de sexe ; il garantira la liberté de culte, de conscience, d’éducation et de culture ; il assurera la protection des Lieux saints de toutes les religions, et respectera les principes de la Charte des Nations unies.
L’état d’Israël est prêt à coopérer avec les organismes et les représentants des Nations unies pour l’application de la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 29 novembre 1947 et à prendre toutes les mesures nécessaires pour la mise en place de l’Union économique sur l’ensemble de la Palestine.
Nous demandons aux Nations unies d’aider le peuple juif à édifier son État et d’admettre Israël dans la famille des nations.
Victimes d’une agression caractérisée, nous demandons cependant aux habitants arabes de l’État d’Israël de préserver les voies de la paix et de jouer leur rôle dans le développement de l’État, sur la base d’une citoyenneté pleine et égalitaire et d’une juste représentation dans tous les organismes et les institutions – provisoires et permanents – de l’État.
Nous tendons notre main en signe de paix et de bon voisinage à tous les États qui nous entourent et à leurs peuples, et nous les invitons à coopérer avec la nation juive indépendante pour le bien commun de tous. L’état d’Israël est prêt à apporter sa contribution au progrès du Proche-Orient dans son ensemble.
Nous demandons au peuple juif de par le monde de se tenir à nos côtés dans la tâche d’immigration et de développement et de nous aider dans le grand combat pour la réalisation du rêve des générations passées : la rédemption d’Israël.
Confiants en l’Éternel Tout-Puissant, nous signons cette déclaration en cette séance du Conseil provisoire de l’État, sur le sol de la patrie, dans la ville de Tel-Aviv, cette veille du shabbath, 5 Iyar 5708, 14 mai 1948.
Vidéo : David Ben Gourion
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