Debout les morts !: debout les morts expression
Auteur : JACQUES PERICARD , en 1915
Explication
À la fin de 1914, on entre dans une guerre de positions. Les soldats s’enterrent dans les tranchées. On les appelle désormais «les Poilus» tant leurs conditions d’hygiène sont précaires. Des assauts brefs et sanglants, mais sans lendemain, ponctuent leurs journées. Le 8 avril 1915 à Bois Brûlé, dans la région de Verdun, l’adjudant Jacques Péricard (95′ régiment d’infanterie) reprend avec sa section un boyau jonché de corps : « Ohé là, debout ! Ou’est-ce que vous foutez par terre ? Levez- vous et allons foutre ces cochons-là dehors!» L’écrivain nationaliste Maurice Barrés trouve la bonne formule dans un article de presse : « Mais eu soudain, de cet amas de blessés et de cadavres, quelqu’un se soulève et, en saisissant à portée de sa main un sac de grenades, s’écrie : “Debout les morts !” » En 1916, toute la France a les yeux fixés sur le front de Verdun, qui doit contenir la grande offensive allemande. À la victoire, Péricard fait paraître ses mémoires de combattant sous le titre Debout les morts.
En 1919, ce fait d’armes devient épopée nationale dans un manuel de préparation au Certificat d’études :
« Un blessé se levait devant la meute grise, Son front ensanglanté ruisselait d’un sang noir.Mais comme à l’exercice, et sans plus s’émouvoir,Il commençait le feu, puis lançait dans la brise Cet appel formidable : “À moi ! Debout, les morts !”Les mourants, unissant leurs suprêmes efforts,Épiques, répondaient à sa voix frémissante.Et le cri surhumain, par un héros jeté,Avait galvanisé la troupe agonisante.Pour vaincre encore, les morts avaient ressuscité. »
Jacques Péricard milite après la Grande Guerre dans les rangs nationalistes. En 1940-1944, il s’engage dans la collaboration au côté du maréchal Pétain, l’autre « héros de Verdun ».