Il faut bien que je les suive , puisque je suis leur chef: il faut bien que je les suive puisque je suis leur chef
Auteur : Ledru-Rollin , en 1849
Explication
Alexandre-Auguste Ledru-Rollin (1807-1874) était un fervent républicain social. Après la violente répression du soulèvement ouvrier de juin 1848, il s’opposa à l’orientation conservatrice prise par la IIe République. Le 13 juin 1849, il avait appelé ses partisans à se soulever contre le gouver¬nement du président Bonaparte, soutenu par le « parti de l’ordre ».
Mais l’insurrection, née d’une manifestation largement improvisée, était condamnée à l’échec. Après une journée de résistance, cerné par les forces de l’ordre, Ledru-Rollin prit la fuite, enjambant la fenêtre de son état-major parisien. Réfugié vingt ans en Angleterre, il anima une société républicaine secrète, « la Marianne ». Ses adversaires, qui triomphaient. phaient sous le Second Empire, raillaient ce chef républicain parti par la fenêtre.
C’est Eugène de Mirecourt, homme de plume célèbre pour ses médisances (notamment contre Alexandre Dumas, autre républicain de combat), qui écrivit ces lignes fielleuses : « La destinée de cet homme devait forcément aboutir au ridicule. Un jour, le flot populaire traversa la rue et le grand meneur céda aux premiers braillards qui l’acclamaient.
On l’entraîna. » Et beaucoup furent bientôt persuadés que Ledru-Rollin avait vraiment dit « Il faut bien que je les suive, puisque que je suis leur chef.» Plusieurs variantes ont circulé; toutes sont invraisemblables, voire absurdes, mais l’attaque fit mouche. Car Mirecourt savait que l’exilé aurait peu l’occasion de se faire entendre et de rétablir la vérité.Voilà comment un mot d’esprit proféré par un courtisan contre un banni est devenu une référence historique souvent citée.