Je cherche une épée
Explication
Tout au début de la Révolution, au mois de janvier 1789, l’abbé Sieyès (1748-1836) devient un homme politique célèbre grâce à sa brochure Ou’est-ce que le Tiers État ? Dix ans plus tard, passé l’orage de la Terreur et les guerres révolutionnaires, l’ancien prélat est de nouveau au cœur 1n des intrigues politiques.
Le régime du Directoire, faible, ingouvernable, corrompu et déconsidéré, est à l’agonie. Emmanuel Sieyès déclare à ses proches : « Il ne faut plus de bavards, il faut une tête et une épée. » Il est persuadé d’être cette tête et espère exercer la fonction de premier consul dans un nouveau régime républicain. « Je cherche une épée » (ou un sabre, selon les versions), ajoute-t-il. Il pense au général Joubert, le glorieux chef de l’armée d’Italie. Mais celui-ci est tué à Novi le 15 août 1799. Sieyès propose son .’Z plan au général Moreau en octobre. «Voici votre homme, il fera votre coup d’État bien mieux que moi », lui aurait répondu ce militaire en désignant un autre général, Napoléon Bonaparte, lui aussi auréolé de gloire après ses campagnes en Italie et en Égypte. Le Corse venait tout juste de débarquer à Fréjus, de retour de la terre des Pharaons. Fréjus, la ville natale de Sieyès ! L’abbé n’hésite plus : il a trouvé son épée.
Le coup d’État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) réussit comme prévu. Mais c’est Bonaparte qui devient premier consul. Quant à Sieyès, il n’aura aucune influence politique… Pour son malheur, cette épée était aussi une fine lame.