Je vous ai compris
Auteur : CHARLES DE GAULLE , en 1958
Explication
Le 13 mai 1958, la foule envahit le Gouvernement général français d’Alger et proclame un Comité de salut public, qui se substitue à l’autorité de la IVe République, jugée défaillante après quatre ans de guerre. Le 15, le général Salan, commandant en chef de l’armée en Algérie et rallié aux émeutiers, s’adresse aux Algérois depuis le balcon. Il termine son discours par « Vive l’Algérie française ! », puis, sous les ovations, « Vive De Gaulle ! » Le 1er juin, Charles de Gaulle est investi à Paris comme chef du gouvernement avec les pleins pouvoirs et un mandat pour préparer une nouvelle constitution.
Il se rend aussitôt à Alger, mais pas en civil : c’est le général qui se déplace. En 1943-1944, il avait dirigé dans cette ville et dans cet uniforme le Comité français de libération nationale. À sa descente d’avion le 3 juin, le général de brigade de Gaulle (deux étoiles sur le képi) est accueilli par le général d’armée Salan (cinq étoiles), façon de suggérer aux Pieds-noirs que les militaires ont pris les commandes en France comme en Algérie… Mais Salan, plus gradé, est bien sous l’autorité de De Gaulle. Le lendemain, du même balcon, De Gaulle ravit les Algérois :
« Je vous ai compris ! Je sais ce qui s’est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, t’est celle de la rénovation et de la fraternité (…). Moi, De Gaulle, j’ouvre la porte de la réconciliation!» Mais il ne criera pas: «Vive l’Algérie française ! »
» Je vous ai compris » prend vite un goût amer pour les partisans de l’Algérie française. Dès 1959, leur champion, président de la Ve République, évoque une « Algérie algérienne liée à la France ». Le 8 janvier 1961, un référendum approuve l’autodétermination algérienne. Le 22 avril, quatre généraux tentent un putsch en Algérie pour s’opposer à la poli- tlque gaullienne. Parmi eux, on retrouve le général Salan.