La conscience et l'inconscient : Cette particularité qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose
Depuis Descartes, nous savons que la conscience de soi est la première des certitudes. Mais se prendre soi-même pour objet de réflexion, est-ce là l’essentiel de l’activité de l’esprit ? La conscience se résorbe-t-elle tout entière dans l’intimité de la pensée ?
Cette prééminence de la conscience de soi masque selon Husserl sa véritable nature et l’étendue de ses possibilités. La conscience, en effet, n’est pas une forteresse close sur elle-même. La scission supposée entre« l’intérieur » et « l’extérieur » de notre esprit est artificielle car le sujet et le monde se donnent toujours en même temps. L’extériorité des choses m’habite, dans la mesure où ma conscience est d’abord conscience de ce qui n’est pas elle. En ce sens, elle est nécessairement conscience de quelque chose : perception d’un objet, souvenir d’une image, désir d’un corps… Cette faculté de viser un autre que soi, Husserl la nomme «intentionnalité ».
Ainsi, le monde et les choses ne sont pas en moi comme dans une boîte,c’est, à l’inverse, ma conscience qui se déporte constamment vers eux. imi exemple, à tel moment de mon voyage, la vision d’un arbre au bord de la route m’entraîne hors de moi, de mon corps et de l’habitacle du véhicule, auprès de l’arbre. Et pendant que j’apprécie la beauté du paysage, ma conscience ne cesse d’être là-bas, par-delà elle-même, au plus près du monde et des choses.