La France d'en bas
Auteur : Jean-Pierre Raffarin , en 2002
Explication
Au lendemain de sa réélection le 5 mai 2002, Jacques Chirac nomme Jean-Pierre Raffarin Premier ministre. Peu connu du grand public, le sénateur de la Vienne et président du Conseil régional de Poitou- Charentes veut insuffler « une nouvelle gouvernance », comme l’annonçait le titre de son livre paru au mois de janvier.
Epaules rentrées, nez cassé, Raffarin se présente aux Français comme un responsable plein de bonhomie et proche de « la France d’en bas ». La formule, souvent utilisée, deviendra sa marque de fabrique. « Neuilly symbolise la France d’en haut», réplique-t-il à un Nicolas Sarkozy railleur, qui briguait sa place.
Friand d’expressions marquées au coin du bon sens, le Premier ministre distille une multitude de « raffarinades » en trois ans de gouvernement. Parmi celles-ci, on retiendra quelques lapalissades : « Les jeunes sont destinés à devenir des adultes », « Les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints», «L’avenir est une suite de quotidiens», ou, plus personnel : « Je dis aux jeunes : la fête, c’est la vie. La vie, c’est ton visage ! », et encore, « Je n’aime pas beaucoup ne pas être dans le logiciel central de moi-même. »
Mais, conséquence de la hausse du chômage et des réformes sur les retraites et l’assurance maladie, le Premier ministre devient impopulaire. Paradoxalement, celui qui se flattait en 2002 d’incarner « la France d’en bas» symbolisera auprès d’une majorité de Français «la France d’en haut». Le non du référendum sur la Constitution européenne en 2005 scelle la fin de son mandat. La campagne électorale fut l’occasion de distiller d’ultimes raffarinades: «mon oui est plus qu’un non au non », ou encore, « le oui a besoin du non pour gagner contre le non » (en anglais dans le texte original).