La liberté : Je cherche un homme
Diogène est le plus anticonformiste des philosophes grecs. Vagabond vêtu d’un manteau élimé, il a élu domicile dans une grande jarre et vit au jour le jour en faisant la manche. Indifférent aux conventions sociales, il discourt, mange et se masturbe en place publique. Ce qui ne manque pas de lui attirer indignation ou mépris. Or, voilà qu’il allume une lanterne en plein jour et, à ceux qui s’en étonnent, il lance : « je cherche un Homme ». Pourquoi cela ?
D’un point de vue strictement philosophique, Diogène se moque de Platon. Platon enseignait que la réalité ultime des choses réside dans des Idées. Les êtres du monde naissent, se transforment et meurent, mais certaines Idées qui constituent leur modèle sont selon Platon éternelles. L’auguste philosophe aime ainsi à parler de l’Homme au sens « idéel », par opposition aux individus concrets. Diogène le raille e~ partant à la recherche de cette étrange entité : où peut bien être cet « Homme » dont parle Platon ?
L’ironie de Diogène a aussi une portée morale. Tenant en piètre estime les hommes de son temps, il considère qu’il côtoie des foules d’êtres indignes, serviles, enchaînés à des biens matériels, des croyances vaines et d’inutiles coquetteries. Diogène poursuit plutôt une vie simple et conforme à notre constitution biologique. Il méprise la gloire, les richesses et la multiplication des plaisirs, car il y voit autant de dépendances et d’artifices. C’est l’exercice du dénuement qui lui parait être la meilleure école de la santé physique et morale. Sa vie frugale et son détachement sont ainsi une lutte pour la maîtrise de soi, l’autosuffisance et surtout la liberté, qu’il plaçait au-dessus de tout.