La morale : Agis uniquement d'après la maxime dont tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle
Première formulation du célèbre « impératif catégorique » de Kant, ce principe est la clé de la doctrine morale du philosophe. Refusant de se fier aux seuls commandements des textes sacrés ou aux sentiments pour développer notre vertu, Kant entend fonder celle-ci sur une injonction de la raison. Mais comment toute la morale pourrait-elle se ramener à un unique principe rationnel ?
Supposons que j’aie des problèmes financiers. Ai-je le droit d’emprunter de l’argent en promettant de le rendre si je sais que, vraisemblablement, je ne le pourrai pas ? Pour savoir si j’ai ce droit, je dois me poser la question suivante : est-ce que j’accepterais que mon acte ait une portée universelle ? Autrement dit, est-ce que je pourrais le fonder sur une maxime (c’est-à-dire une règle), telle que : « Tout homme a le droit de faire une fausse promesse dès lors qu’il se trouve dans rembarras financier»? Non, c’est absurde, je m’aperçois immédiatement que je ne peux vouloir qu’un tel précepte devienne une loi pour la société. Car dans ce cas, il n’y aurait plus aucune promesse ni aucun emprunt possible. La société civile, qui repose sur la confiance mutuelle, s’effondrerait. Le jugement moral est donc théoriquement à la portée de chacun : il convient de reproduire ce raisonnement fondamental pour évaluer si un acte est moral ou immoral.
Cela ne conduit pas pour autant Kant à une morale abstraite et désincarnée. La morale n’a de sens que parce qu’elle a une finalité humaine. C’est donc très logiquement que le philosophe propose une seconde formulation de l’impératif catégorique, fondée cette fois sur l’idée que la personne humaine ne saurait jamais être un simple objet au service d’intérêts ou de désirs :
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours (…) comme une fin et jamais simplement comme un moyen. »