L'homme est un loup pour l'homme
Auteur : Plaute , vers 212 av. J.-C.
Explication
L’auteur latin Titus Maccius Plautus (Plaute, vers 255-184 av. J.-C.) place l’action de sa Comédie des ânes en Grèce. Le pays de Sophocle et d’Aristophane était alors la référence culturelle et théâtrale indépassable pour la république romaine. Rome était certes victorieuse sur le champ de bataille, mais elle était encore bien mal dégrossie en ce qui concerne la littérature. Plaute s’était spécialisé dans les grosses farces populaires jouées sur les forums ou au bord des chemins.
La scène représente donc un marchand qui refuse de confier de l’argent à un inconnu. Celui-ci essaie bien de le rassurer en disant «je suis homme, aussi bien que toi », « et il n’y a personne à Athènes à qui l’on puisse faire autant confiance », mais le commerçant met fin aux négociations en usant d’un adage populaire pour toute réponse : « L’homme est un loup pour l’homme. » Il précise toutefois : « quand on ne sait pas qui il est». La formule complète est donc moins pessimiste pour le genre humain qu’il n’y paraît d’ordinaire.
Le nom de cet auteur est d’ailleurs comique, sans ambiguïté : Maccius évoque une « grosse mâchoire », un « lourdaud » (maccus), et Plautus signifie «aux pieds plats». Ces qualificatifs, sans doute choisis par l’homme de théâtre ou imposés par la vox populi, indiquent bien son projet: faire rire. Et pourtant, la postérité a retenu de son œuvre une phrase qui semble être celle d’un philosophe cynique. On lui a attribué dans l’Antiquité jusqu’à 130 pièces, dont seulement une vingtaine ont été conservées.