Nelson Mandela
Introduction:
Nelson Mandela, né en 1918, l’un des leaders de la lutte entreprise par les Noirs d’Afrique du Sud contre l’apartheid, a été président du pays de 1994 à 1999. Il a reçu en 1993, en même temps que le président Frederik De Klerk, le prix Nobel de la paix.
Mandela s’engage en 1942 dans le Congrès national africain (ANC), qui lutte pour les droits des Noirs, mais le Parti afrikaner, qui remporte les élections de 1948, met en place une politique de « développement séparé » des races, dite « apartheid ». L’ANC est ensuite interdit et Mandela se convertit, à partir de 1960, à l’action violente contre un pouvoir toujours plus répressif. Il est arrêté en 1962 et, en 1964, condamné à la détention à perpétuité. Il devient rapidement un symbole mondial de la lutte du peuple noir pour ses droits.
Mandela est mis en résidence surveillée en 1988, date à laquelle il devient un interlocuteur reconnu par un pouvoir blanc qui souhaite faire bouger les choses, celui des présidents Botha mais surtout De Klerk, l’homme qui le fait libérer en 1990, en même temps qu’il autorise à nouveau l’ANC. Le dialogue de ces deux futurs prix Nobel de la paix permet d’en finir avec l’apartheid, d’établir un régime de
transition puis d’instaurer un régime démocratique d’égalité des droits en Afrique du Sud. Mandela est élu président et, le 10 mai 1994, prononce ce discours d’investiture.
Une fois au pouvoir, confirmant ce qu’il annonçait, Mandela met en œuvre une politique de réconciliation nationale grâce à une commission « Vérité et Réconciliation ». Il ne s’agit pas de juger mais avant tout de permettre aux victimes d’exactions de s’exprimer, que les violences à leur encontre aient été commises par les forces gouvernementales ou par les mouvements armés de libération.
Nelson Mandela reste une figure écoutée et respectée de l’Afrique du début du XX siècle.
Discours de Nelson Mandela:
une nation arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde:
Majestés, Altesses, invités distingués, camarades et amis, Par notre présence ici aujourd’hui, et par nos célébrations dans d’autres régions du pays et du monde, nous glorifions cette liberté qui vient de naître et nous mettons en elle tous nos espoirs.
D’un dramatique désastre humain qui a duré trop longtemps doit naître une société qui sera la fierté de l’humanité.
Nos actes quotidiens de Sud-Africains doivent construire une véritable réalité sud-africaine qui fortifiera la foi de l’humanité en la justice, qui affermira sa confiance en la noblesse de l’âme humaine et qui nourrira tous nos espoirs pour que notre vie à tous soit une vie épanouie.
Tout ceci, nous le devons à la fois à nous-mêmes et aux peuples du monde entier qui sont si bien représentés ici, aujourd’hui.
À mes compatriotes, je dis sans hésiter que chacun d’entre nous est aussi intimement enraciné dans le sol de ce pays magnifique que le sont les fameux jacarandas de Pretoria et les mimosas de la brousse. Chaque fois que l’un de nous touche le sol de ce pays, il ressent un profond sentiment de bonheur et d’exaltation. L’humeur nationale change avec les saisons. Nous sommes transportés de joie et d’enthousiasme quand l’herbe reverdit et que les fleurs s’ouvrent.
Cette sensation spirituelle et physique de ne faire qu’un avec notre patrie commune explique l’intensité de la souffrance que nous avons tous portée dans nos cœurs lorsque nous avons vu notre pays déchiré par un conflit terrible et lorsque nous l’avons vu rejeté, boycotté et isolé par les peuples du monde entier, précisément parce qu’il était devenu le symbole d’une idéologie pernicieuse, du racisme et de l’oppression raciale.
Nous, peuple d’Afrique du Sud, sommes aujourd’hui comblés de voir que l’humanité nous accueille à nouveau dans son sein, et que nous, les hors-la-loi d’hier, avons aujourd’hui le rare privilège d’accueillir sur notre sol toutes les nations du monde.
Nous remercions nos distingués invités internationaux d’être venus prendre possession, avec notre peuple, de ce qui est, après tout, une victoire commune en matière de justice, de paix et de dignité humaine.
Nous espérons que vous continuerez à vous tenir à nos côtés quand nous relèverons le défi de bâtir la paix, la prospérité, la démocratie, et d’œuvrer contre le racisme et contre le sexisme.
Nous apprécions infiniment le rôle joué par notre peuple et leurs masses politiques, les leaders démocratiques, religieux, les femmes, les jeunes, les entreprises, les leaders traditionnels et autres leaders, afin d’arriver à ce résultat. Parmi ceux-ci, et non le moindre, se trouve mon deuxième président adjoint, Frederik Willem De Klerk.
Nous aimerions également saluer nos forces de sécurité, quel que soit leur rang, pour le rôle insigne quelles ont joué dans la protection de nos premières élections démocratiques et dans la transition vers la démocratie contre les forces assoiffées de sang qui refusent toujours de voir la lumière.
Le temps de soigner les blessures est arrivé.
Le temps de combler les fossés qui nous séparent est arrivé.
Le temps de construire est arrivé.
Nous sommes enfin arrivés au terme de notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer notre peuple de l’asservissement dû à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, au sexisme et à toute autre discrimination.
Nous avons réussi à passer les dernières étapes vers la liberté dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons à construire une paix complète, juste et durable.
Nous avons réussi à implanter l’espoir dans le cœur de millions de personnes de notre peuple. Nous nous engageons à bâtir une société dans laquelle tous les Africains du Sud, qu’ils soient blancs ou noirs, pourront se tenir debout et marcher sans crainte, sûrs de leur droit inaliénable à la dignité humaine – une nation arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde.
Comme preuve de son engagement dans le renouveau de notre pays, le nouveau gouvernement par intérim de l’unité nationale prend la décision, en tant que question urgente, d’amnistier les différentes catégories de compatriotes accomplissant actuellement leur peine d’emprisonnement.
Nous dédions ce jour à tous les héros et héroïnes de ce pays et du reste du monde qui se sont sacrifiés ou ont donné leur vie pour que nous puissions être libres.
Leurs rêves sont devenus réalité. La liberté est leur récompense.
Nous nous sentons à la fois humbles et fiers de l’honneur et du privilège que le peuple d’Afrique du Sud nous fait en nous nommant premier président d’un gouvernement d’union démocratique, non raciste et non sexiste.
Nous sommes conscients que la route vers la liberté n’est pas facile.
Nous sommes conscients qu’aucun de nous ne peut réussir seul.
Nous devons donc agir ensemble, comme un peuple uni, vers une réconciliation nationale, vers la construction d’une nation, vers la naissance d’un nouveau monde.
Que la justice soit la même pour tous.
Que la paix existe pour tous.
Qu’il y ait du travail, du pain, de l’eau et du sel pour tous.
Que chacun d’entre nous sache que son corps, son esprit et son âme ont été libérés afin qu’ils puissent s’épanouir.
Que jamais, jamais plus ce pays magnifique ne revive l’expérience de l’oppression des uns par les autres, ni ne souffre à nouveau l’indignité d’être le paria du monde.
Que la liberté règne.
Que le soleil ne se couche jamais sur une réalisation humaine aussi éclatante !
Que Dieu bénisse l’Afrique !
Merci.
Vidéo : Nelson Mandela
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Nelson Mandela
https://www.youtube.com/embed/fPofm50MHW8