Nous avons brûlé une sainte
Auteur : PIERRE CAUCHON , en 1431
Explication
Au début de l’année 1431, l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon, ardent partisan bourguignon et conseiller du jeune roi d’Angleterre Henry VI, est chargé d’organiser le procès de Jeanne d’Arc à Rouen. « Évêque, je meurs par vous ! », s’écrie-t-elle lorsqu’on lui signifie sa condamnation le 29 mai. Chassé de son diocèse par les partisans armagnacs de Charles VII, l’évêque a en effet instruit un procès à charge, sans avocat de la défense. «que Jeanne, communément appelée la Pucelle, indique le libelle d’accusation, soit déclarée sorcière ou lectrice de sorts, devineresse, fausse prophétesse, invocatrice et conjuratrice de malins esprits, superstitieuse, impliquée et appliquée aux arts magiques, mal pensante et, au sujet de notre foi catholique, schismatique. »
En 1456, soit vingt-cinq ans plus tard, Charles Vli organise un procès en nullité. Il ne sera pas dit qu’il doit son trône à une sorcière. Parmi les témoins survivants, un dominicain révèle qu’un secrétaire du roi d’Angleterre nommé Jean Tressart aurait murmuré: «Nous sommes tous perdus, car une bonne et sainte personne a été brûlée. » Un autre témoin place cette phrase dans la bouche d’un soldat anglais qui aurait vu une colombe sortir du bûcher. On a vu l’évêque de Thérouanne en larmes. Le bourreau lui-même aurait demandé à se confesser dès le soir, craignant pour son âme !
Par la suite, on attribua ces paroles de remords à Pierre Cauchon, mort subitement en 1442. Il est peu probable qu’il ait jamais prononcé une telle phrase. Mais c’était un évêque français, spécialiste en droit canon et recteur de l’université de Paris. Pour sauver l’honneur de l’Église de France, il fallait donc qu’il ait condamné Jeanne dans un moment d’égarement. Près de cinq siècles plus tard, en 1920, celle-ci fut enfin déclarée sainte par l’Église.