Quel artiste périt avec moi !
Explication
Empereur vaniteux et tyrannique, Néron était aussi un amoureux des arts. Passionné de peinture, de sculpture grecque et orientale, il avait toutefois une prédilection pour les représentations publiques. Sur la scène, il était tantôt comédien, joueur de flûte, mime, danseur ou chanteur. À l’occasion, il conduisait un char dans les courses de chevaux du cirque. L’empereur accueillait les ovations et les premiers prix avec une feinte modestie.
Suétone, qui dresse un portrait à charge parfois invraisemblable, indique que Néron interdisait à la foule de sortir d’un théâtre où il se produisait. Certaines femmes, précise-t-il, accouchaient lors des représentations. D’autres se faisaient passer pour morts afin d’être – quand même – évacués du spectacle !
Mais les caprices sanglants de l’empereur, qui s’accentuèrent pendant les dernières années, finirent par lasser puis inquiéter ses alliés. Après quatorze ans de règne, le Sénat déclara Néron ennemi public. Prévenu, celui-ci refusa de prendre la fuite, adoptant ainsi la posture stoïque jadis professée par son ancien maître Sénèque, qu’il avait poussé au suicide. Il ordonna que l’on creuse une tombe et la fit même garnir de quelques plaques de marbre. En attendant les cavaliers dépêchés pour le conduire au supplice, il répétait, les larmes aux yeux : « Quel artiste périt avec moi ! » Enfin, il prit la pose et déclama ce vers homérique, tiré de L’Iliade: «Le galop des chevaux aux pieds rapides frappe mes oreilles. » Mais ce qui le frappa aussitôt, à sa demande, c’est le poignard de son fidèle secrétaire Épaphrodite.
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