Toi aussi , mon fils ?
Auteur : Jules César, en 44 av. J.-C.
Explication
César cumule les fonctions et les honneurs. Vainqueur de son rival Pompée (tué pendant sa fuite vers l’Égypte) puis des derniers Pompéiens, le général est désormais « dictateur à vie » de la république. Il bénéficie en outre de l’immunité réservée aux tribuns de la plèbe. Ses adversaires l’accusent de préparer son couronnement, car sur le Capi- tole, sa statue a été placée à côté des sept rois légendaires de Rome. Au Sénat, on s’active. Le vieil ordre républicain ne peut pas disparaître sans résistance.
Pendant les ides de mars, en pleine séance, un groupe de sénateurs se jette sur lui, l’épée en main. Ironie du destin, César va mourir dans la curie de Pompée, au pied de la statue de son ancien ennemi. Selon Suétone (toujours friand d’anecdotes), il lâche ces quelques mots après avoir reconnu Marcus Brutus parmi ses assaillants: «Toi aussi, mon fils ? » En fait, c’est son fils spirituel, car il entretient depuis vingt ans une relation adultère avec Servilia, la mère de Brutus. Plutarque rapporte simplement qu’après avoir crié et s’être débattu, César reconnut Brutus parmi ses agresseurs. Il se couvrit alors la tête de sa toge et cessa de se défendre. Lucius Brutus avait fondé la république près de cinq siècles auparavant. En voulant la sauver, son descendant Marcus Brutus précipita sa fin. Dante a placé l’assassin dans son Enfer, aux côtés de Judas.
La formule symbolise désormais la trahison ou le reniement, lorsqu’elle concerne un dirigeant et son père spirituel. Le « meurtre » politique est le prix à payer, semble-t-il, pour que les jeunes loups puissent exister face à leurs glorieux aînés. Depuis deux mille ans, le geste de Brutus – et la réponse de César – n’a rien perdu de son actualité. Chacun reconnaîtra qui lui plaît.
Vidéo : Toi aussi , mon fils ?
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