Qu'ils me haïssent , pourvu qu'ils me craignent
Auteur: Atrée , roi de Mycènes, entre 1400 et 1200 av. J.-C.
Explication
Lucius Accius , fils d’un esclave affranchi, composa des tragédies latines inspirées des légendes et des mythes grecs. Au 11e siècle av. J.-C., la république romaine mettait peu à peu la main sur l’ensemble de la Méditerranée, annexant notamment la Grèce et la Macédoine. Mais la civilisation hellénique restait la référence culturelle de cet empire en construction.
Accius mit ces paroles dans la bouche du roi de Mycènes Atrée (appelé « Atarssiyya » par ses voisins hittites), qui régna par la terreur, disant, selon la légende: «Ou’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent.» Supplices, attentats, trahisons, cannibalisme, infanticides… ce tyran employa tous les moyens pour se maintenir au pouvoir, au point que le soleil, rapporte encore la légende, se détourna de sa route, horrifié par tout ce qu’il voyait. Ses descendants, les Atrides (Agamemnon, son fils, et Oreste, son petit-fils), reproduisent dans les tragédies classiques athéniennes (vesiècle av. J.-C.) tous ces crimes et bien d’autres avec une grande constance. Leur sang est maudit. Des tragédies d’Accius , il ne reste que quelques minces fragments, dont la devise royale mycénienne. Cicéron la cite au siècle suivant : « Nous voyons, par le théâtre, quel a été le sort de ceux qui ont dit : “Ou’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent”. » En pleine guerre civile après l’assassinat de César, l’orateur et ancien consul visait ainsi directement son adversaire Marc Antoine.