Mais vous avez tout à fait raison , Monsieur le Premier ministre
Auteur : FRANCOIS MITTERRAND, en 1988
Explication
Le second tour de la présidentielle 1988 offre une configuration inédite. Le président sortant (François Mitterrand) est opposé au Premier ministre (Jacques Chirac). Depuis deux ans, les deux hommes cohabitent au sommet de l’État, mais le 28 avril, ils s’opposent frontalement lors du traditionnel débat télévisé d’entre deux tours.
Jacques Chirac ne désigne son interlocuteur que par « M. Mitterrand ». Celui-ci remarque : « Moi, je continue à vous appeler M. le Premier ministre, puisque c’est comme cela que je vous ai appelé pendant deux ans, et que vous l’êtes. » Réponse de ce dernier, qui attendait visible¬ment cette mise au point : « Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n’êtes pas le Président de la République. Nous sommes deux candidats, à égalité, et qui se soumettent au jugement des Français, le seul qui compte. Vous me permettrez donc de vous appeler M. Mitterrand. » Et Mitterrand de répondre : « Mais vous avez tout à fait
raison, M. le Premier ministre. »
Les Français comprennent que derrière la courtoisie, la cohabitation a été rude. Le débat atteint sa tension maximale sur la politique étrangère en dernière partie. Chirac : « Je vous trouve éreinté par la fureur concentrée. » Et puis : « Pouvez-vous vraiment contester ma version des choses en me regardant dans les yeux? » Mitterrand, impassible:
« Dans les yeux, je la conteste. » Mais lorsque Chirac s’emporte : « Je n’ai pas changé. J’applique une politique depuis deux ans, M. le Président ! », il a beau se corriger en répétant « M. Mitterrand », à cet instant, son adversaire a visiblement pris l’ascendant. Dix jours plus tard, il est réélu pour un second mandat.
Vidéo : Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre
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