La Bourse , j'en ai rien à cirer
Auteur : EDITH CRESSON, en 1991
Explication
Les dirigeants français ont souvent manifesté leur agacement face aux mouvements d’humeur de la Bourse. Alors qu’on lui expliquait en 1813 une situation déprimée, Napoléon lâcha : «Si la Bourse est mauvaise, fermez-la.» La Bourse ou la bouche, nul ne sait. Lors d’une célèbre conférence de presse, le général de Gaulle déclara : « En 62, elle était exagérément bonne. En 66, elle est exagérément mauvaise. Mais vous savez, la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. » Après le remplacement à Matignon de Michel Rocard par Édith Cresson le 15 mai 1991, les cours flanchent.
Le Journal du dimanche publie dès le 19 une interview de la première femme Premier ministre de l’Histoire de France. « La Bourse, j’en ai rien à cirer», déclare-t-elle. Le soir même, invitée de l’émission «Sept sur Sept », elle corrige le tir : « C’est une boutade. La Bourse est un des para¬mètres de l’économie. Ce n’est pas le seul. »
Le propos était en fait une réponse à son chef de cabinet, tenu dans son bureau en présence de l’intervieweuse. Il n’était pas destiné à être rendu tnj public, mais trop tard. Sorti de son contexte et utilisé comme repousse soir, il fera d’Édith Cresson une ennemie jurée du marché, aux méthodes “ abruptes. On lui prêtera d’autres propos à caractère homophobe ou xénophobe (dont il n’existe d’ailleurs aucun enregistrement ou source avérée) qui finiront de la déconsidérer dans l’opinion. Après dix mois, elle doit démissionner.