Je décide et il exécute
Auteur : Jacques Chirac, en 2004
Explication
À l’occasion de l’entretien télévisé du 14 juillet 2004, le président Chirac fut d’une rare dureté au sujet d’un ministre appartenant à sa propre majorité. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Économie et des Finances, avait en effet l’intention de prendre la présidence de l’UMP, le grand parti créé par le Président après sa réélection en 2002. Ne pouvant empêcher cette dépossession de fait, Jacques Chirac posa une condition : dans ce cas, le ministre démissionnerait, au nom de la règle du non- cumul des fonctions.
Nicolas Sarkozy avait quelques jours plus tôt proposé de tailler dans le budget de la Défense pour réduire le déficit public. La réponse publique du Président fut sèche : « Il n’y a pas de différend entre le ministre des Finances et moi, pour une raison simple, c’est que – notamment s’agissant de la Défense -, je décide et il exécute. » Jacques Chirac accabla son bouillant et populaire ministre : « Je ne laisserai pas les ambitions des uns ou des autres venir perturber l’action des trois années à venir. »
Le 28 novembre suivant, Sarkozy gagne l’UMP mais démissionne du gouvernement dès le lendemain matin. Après le référendum sur la Constitution européenne (voulu et annoncé par le Président ce 14 juillet puis perdu l’année suivante), Nicolas Sarkozy est revenu au gouvernement comme ministre de l’intérieur, ministre d’État (numéro 2 protocolaire) du gouvernement Villepin. Outre cette fonction, il gardait ses mandats de président de l’UMP, de président du Conseil général des Hauts-de-Seine et d’adjoint au maire de Neuilly-sur-Seine. L’autorité du Président de la République était alors définitivement obsolète.