Orlan
Née en 1947 à Saint-Etienne en France. Orlan ne fait pas d’études d’art et réalise ses premières performances dans les années soixante. Proche de l’art corporel, elle défend ce qu’elle appelle I’«Art charnel». Elle vit et travaille à Paris.
Œuvre
Depuis toujours, Orlan utilise son corps comme matériau pour son œuvre. Elle engage un questionnement sur le statut et la représentation du corps féminin, sur le rôle de la femme dans la société et dans l’histoire de l’art. Elle réfléchit sur la beauté, le masque, l’apparence. Ses premières pièces sont faites avec son trousseau : elle repère des «traces de sperme à l’aide d’une mauvaise broderie», fait un «strip-tease occasionnel à l’aide des draps du trousseau» ou les utilise pour se travestir en madone. Elle propose des scénarios comme Étude documentaire, la Tête de Méduse, pour laquelle elle donne à voir avec une loupe au spectateur son sexe au moment de ses règles, dans le même temps que la tête des visiteurs apparaît sur un écran. À la sortie, le texte de Freud «À la vue de la vulve le Diable lui même s’enfuit» leur est remis.
Elle réalise des photographies comme Tentative pour sortir du cadre (1965) où on la voit, nue, essayant de passer à travers le trou d’un encadrement vide d’un tableau. Elle fait des performances comme le Baiser de l’artiste (FIAC, 1976) où, la tête au-dessus d’une photo de son buste nu, elle vend cinq francs ses baisers. Le buste-distributeur reçoit la pièce qui atterrit dans un pubis transparent. Cette action fait scandale ; elle perd son emploi d’«animateur socioculturel». Dans les années quatre-vingt, elle travaille sur l’identité à travers l’iconographie religieuse judéo-chrétienne et le baroque.
À partir de 1990, elle fait opérer des transformations sur son corps au moyen de la chirurgie esthétique. Les opérations sont filmées et commentées. Elle lit en direct des textes littéraires, psychanalytiques ou philosophiques. Elle devient déesse grecque ou Mono Usa, se fait poser des implants de silicone, etc. Elle réalise des dessins au sang, des reliquaires avec sa graisse et sa chair, des photos d’après ses opérations-performances. Elle prône la liberté de disposer de soi, le refus de la douleur, l’usage des anesthésiants, de la péridurale. Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, elle travaille avec la palette graphique et réalise de grandes photographies en impression numérique autour des standards de beauté dans différentes civilisations et à différentes époques (série des Self-hybridations).
Propos de l’artiste
«L’Art charnel est un travail d’autoportrait au sens classique, avec les moyens technologiques disponibles aujourd’hui. Il oscille entre défiguration et refiguration. Il s’inscrit dans la chair, car notre époque commence à en donner la possibilité. Le corps devient un “ ready-made ’’ modifié car il n’est plus ce ready-made idéal qu’il suffit de signer.» (Manifeste de l’Art charnel.)
Vidéo : Orlan
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Orlan
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