Zoran Music
Œuvre
À Dachau, Zoran Music est «saisi par une incroyable frénésie de dessiner» – «peut-être une raison de [s’] en sortir», «peut-être une raison de résister». Il dessine la vie au camp : «Une vie de tous les jours, comme dans un brouillard, ombres et fantômes bougent.» De retour à Venise en 1945, il reprend les motifs d’avant-guerre et commence une série d’autoportraits. Se suivent les cycles des Terres dalmates (1958), du Motif végétal (1972), des Paysages rocheux (1976), des Paysages de Venise (1980), des Intérieurs de cathédrales (1984). Mais s’il est en quête de silence et de sérénité, il ne peut résister au souvenir obsédant de la déportation. En 1970, il entreprend la série Nous ne sommes pas les derniers. Depuis lors, il peint des cadavres, des déportés exsangues, car, dit-il, «aujourd’hui encore les moribonds m’accompagnent». Il réalise aussi des autoportraits, sa silhouette s’efface, disparaît dans la peinture et dans un ensemble d’allégories de l’Errant (Viandante, 1994).
Propos de l’artiste
«Je dessine comme en transes, m’accrochant morbidement à mes bouts de papier. J’étais comme aveuglé par la grandeur hallucinante de ces champs de cadavres. De loin, ils m’apparaissaient comme des plaques de neige blanche, des reflets d’argent sur les montagnes, ou encore pareils à tout vol de mouettes blanches posées sur la lagune, face au fond noir de la tempête au large.»
Vidéo: Zoran Music