Charles de Gaulle
Introduction:
Le 25 août 1944, le général de Gaulle, en France depuis le 20 août, et qui a suivi dans l’Ouest l’avance de la 2e division blindée du général Leclerc vers la capitale, est reçu à la gare Montparnasse par celui-ci, représentant les forces militaires classiques, ainsi que par Chaban-Delmas, qui représente le Gouvernement provisoire de la République française, et par Rol-Tanguy, le chef des Forces françaises de l’intérieur. Le général von Choltitz, qui a renoncé à suivre l’ordre de Hitler de détruire Paris, a signé la reddition de la garnison, et seuls quelques tireurs isolés résistent encore. De Gaulle se dirige ensuite vers l’Hôtel de Ville de la capitale, salué sur son passage par la foule, une foule de plus en plus dense sur le parvis. C’est au balcon de l’Hôtel de Ville qu’il prononce, aux côtés notamment de Georges Bidault, représentant le Conseil national de la Résistance, l’allocution qui suit.
Bien qu’improvisé — ou parce que improvisé-, ce texte est remarquable dans sa concision. Remarquable parce que au- delà de l’émotion, le politique est présent à chaque instant.
il s’agit d’abord pour de Gaulle, une fois de plus, de rappeler que le régime de l’État français n’était pas la France, que la France se trouvait avec lui à Londres, à Alger, mais quelle n’était aucunement présente à Vichy. La « seule France », la « France éternelle », reste « la France qui se bat ».
il s’agit aussi d’éviter un éventuel protectorat américain, même temporaire, sur les territoires libérés et de jeter immédiatement les bases d’une administration française, comme il le fit en débarquant à Bayeux, instituant immédiatement un préfet. Voici donc pourquoi Paris a été « libéré par son peuple avec le concours des armées de la France ».
Il s’agit enfin d’éviter la mainmise des communistes sur certains territoires, et, sinon de minimiser leur action dans la Résistance, au moins de la relativiser, de l’intégrer, de la fondre dans un ensemble plus vaste, comme il cherchera ensuite à fondre leurs forces dans des forces armées clairement identifiées. Pour cela, la libération de la capitale n’est pas présentée comme étant une fin en soi, et de Gaulle cherche à agréger ces forces différentes, sinon divergentes, autour d’un même « devoir » : libérer le territoire tout entier et vaincre l’Allemagne sur son sol même. Or ce devoir « exige l’unité nationale », une unité que, sentant l’accueil de la population des jours précédents, il pense plus que jamais pouvoir faire sur son nom.
Discours de Charles de Gaulle:
Paris libre:
Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains ?
Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.
Eh bien ! puisque l’ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre, éclairée par l’immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses devoirs et de ses droits.
Je dis d’abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en disant que, pour le moment, il s’agit de devoirs de guerre. L’ennemi chancelle mais il n’est pas encore battu. Il reste sur notre sol. II ne suffira même pas que nous l’ayons, avec le concours de nos chers et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits après ce qui s’est passé.
Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en vainqueurs. C’est pour cela que l’avant-garde française est entrée à Paris à coups de canon. C’est pour cela que la grande armée française d’Italie a débarqué dans le Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône. C’est pour cela que nos braves et chères forces de l’intérieur vont s’armer d’armes modernes. C’est pour cette revanche, cette vengeance et cette justice, que nous continuerons de nous battre jusqu’au dernier jour, jusqu’au jour de la victoire totale et complète.
Ce devoir de guerre, tous les hommes qui sont ici et tous ceux qui nous entendent en France savent qu’il exige l’unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus grandes heures de notre histoire, nous n’avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer, jusqu’à la fin, dignes de la France.
Vive la France !
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