La conscience et l'inconscient : Montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison
Freud n’a pas découvert l’inconscient. À la fin du XIXe siècle, il était déjà établi que certains événements mentaux se déroulent hors du champ de notre conscience. Mais en fondant la psychanalyse, Freud a fait de l’inconscient le moteur de notre vie psychique.
Ses observations cliniques le conduisent en effet à supposer un bouillonnement intérieur de pulsions, d’images et de peurs dont l’introspection ne saisit que des bribes éparses. L’origine de cette vie psychique demeure obscure, car la conscience n’est qu’une zone à la surface de l’esprit, telle la partie émergée d’un iceberg (dont la partie immergée serait l’inconscient). Ainsi, la vraie signification de nos émotions et conduites « m rarement celle que nous leur donnons spontanément. Sais-je seulement pourquoi j’ai rêvé d’elle, pourquoi je déteste les foules, pourquoi j’apprécie que les choses soient disposées symétriquement, pourquoi je perds régulièrement un certain objet… ?
l’invention de la psychanalyse fut un ébranlement philosophique, non seulement parce qu’elle démontra l’importance des désirs sexuels dans la construction de l’identité, mais surtout parce qu’elle infligea à l’homme une immense vexation. À la suite de Copernic, qui montra aux hommes que la terre, loin d’être au centre du monde, était un petit satellite au fin fond de l’univers ; après Darwin, qui leur apprit qu’ils ne constituaient nullement le sommet de la Création, mais une simple espèce animale dans le vaste processus de l’Évolution, Freud s’efforça de leur révéler qu’ils n’étaient pas même maîtres de leur propre esprit. Humiliation salutaire ?