La France a peur
Auteur : Roger Gicouel , en 1976
Explication
Le 30 janvier 1976, le petit Philippe est enlevé à Troyes, à la sortie de l’école. Pendant deux semaines, le ravisseur exige une rançon, déjouant tous les pièges. Un temps suspecté puis relâché, Patrick Henry, 22 ans, donne des interviews. Si jamais le petit a été tué, dit-il, il veut la peine de mort pour l’assassin. Le 17 février au soir, il est arrêté dans la chambre qu’il louait depuis peu. Le corps de l’enfant est dissimulé sous le lit.
« Bonsoir… », lance Roger Gicquel à l’ouverture du Journal télévisé de TF1 le lendemain. « La France a peur. Je crois qu’on peut le dire aussi nettement. La France connaît la panique depuis qu’hier soir, une vingtaine de minutes après la fin de ce journal, on lui a appris cette horreur: un enfant est mort. Un doux enfant, au regard profond, assassiné, étranglé… » Il répétera encore quatre fois « la France a peur ». « Oui, la France a peur et nous avons peur, et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions , je crois , parce qu’on voit bien qu’il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe. Et comme c’est difficile de ne pas céder à cette tentation quand on imagine la mort atroce de cet enfant. »
Deux ministres souhaitèrent l’application de la peine de mort (Ponia- towski à l’intérieur et Lecanuet à la justice). Une certaine presse titra : « La guillotine pour l’assassin du petit Philippe », approuvée par les trois quarts des Français.
Vidéo : La France a peur
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