La philosophie : Ne pas railler , ne pas pleurer , ne pas haïr , mais comprendre
Rien ne semble avoir de prise sur les hommes tourmentés par leurs affects. Le cynique raille leur prétention à gouverner leurs actions en prônant le mépris des valeurs. Le pessimiste s’en afflige et s’abandonne au désespoir. Quant au moraliste, maudissant notre impuissance à mener une existence vertueuse, il nous voue au malheur et à l’indignité.
Or, selon Spinoza, la satire, l’amertume et la colère sont des attitudes aussi inefficaces qu’illégitimes. N’est-ce pas en effet redoubler la souffrance des hommes que de les culpabiliser de ce dont ils sont déjà les victimes ? Au nom de quel idéal parfait de la nature humaine se donne- t-on le droit de les condamner ? La philosophie spinoziste propose de comprendre les hommes tels qu’ils sont et non de les évaluer au nom de ce qu’ils devraient être. Car juger les passions comme des vices ou en faire l’indice d’une nature humaine pervertie n’a pas de sens, il faut plutôt œuvrer pour l’affranchissement de la servitude qu’elles induisent parce qu’avant tout elles produisent malheur et souffrance.