La technique et l'action: Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre
Hans Jonas fut l’un des premiers philosophes à interroger notre civilisation d’un point de vue écologique. Nous savons aujourd’hui que la technologie confère à l’homme des pouvoirs inouïs, autant synonymes de progrès que de terribles menaces. Cette situation réclame donc une éthique à la mesure des destructions qui s’annoncent. Mais comment trouver un fondement universel au devoir de préserver la nature ?
Jonas répond par l’introduction d’une « responsabilité envers les générations futures ». Puisque la vie sur terre, et en particulier la vie humaine, est fragile, périssable, nous devons agir collectivement pour que l’existence de nos descendants ne soit pas compromise. Il faut donc accepter l’idée que nous avons des devoirs, non seulement envers nos contemporains, mais aussi envers ceux qui ne sont pas encore nés. La protection de la nature s’impose ainsi comme une obligation morale, dans la mesure où elle est la condition sine qua non d’une vie humaine authentique et pérenne. Je conserve certes le droit de me suicider individuellement, mais je ne saurais revendiquer celui de contribuer au suicide collectif de l’humanité.
Ce nouvel impératif, inspiré de Kant, peut sembler abstrait. Mais il signifie concrètement qu’avant d’utiliser aveuglément une nouvelle technologie, il faut s’assurer qu’elle ne met pas en danger, à terme, la vie collective. Cette idée est à la base du « principe de précaution » dans notre Droit actuel.