La technique et l'action : Et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature
L’œuvre de Descartes illustre la révolution moderne des idées et des pratiques. À rencontre d’une philosophie purement spéculative, le philosophe français promeut une conception de la connaissance destinée à l’action. Quoi d’étonnant à ce que ce projet ait débouché sur le vœu de maîtrise de la nature, dont cette citation est le symbole ?
Au XVIIe siècle, temps d’éclosion de la science, se renforce l’idée que la nature s’apparente à une immense machine. Mouvement des astres, croissance des végétaux ou circulation du sang dans les artères, nombre de phénomènes naguère occultes commencent à livrer leurs mystères Descartes est convaincu qu’il n’y a dans le monde, hormis l’esprit humain, que des mécanismes plus ou moins complexes. Or, dès que l’on connaît les rouages d’une machine, on peut entreprendre d’agir sur elle à la manière d’un ingénieur. Cette conception est donc prometteuse d’un point de vue pratique, mais, ne voyant dans la nature que matière et mouvement, elle la réduit à un matériau exploitable dans l’intérêt de l’homme. À l’époque, aucun principe de précaution ne limite cette transformation, laissant le champ libre à une emprise croissante de la technique sur le monde.Spécificité de l’histoire occidentale ? Les cultures traditionnelles, elles, semblent considérer l’être humain comme un collaborateur de la nature beaucoup plus que comme son « Maître ». Il faudra attendre le développement de l’écologie pour mettre en cause le grand projet cartésien, dont nous sommes encore les héritiers. Pour le meilleur et pour le pire.